Quand les humanitaires font plier les industriels du médicament. Médecins Sans Frontières (MSF) a salué ce mardi la décision du laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) de réduire le prix de son vaccin PCV conjugué contre le pneumocoque. Les organisations qui interviennent auprès des enfants réfugiés ou affectés par des crises humanitaires pourront désormais en faire bénéficier ces populations vulnérables.
Cette histoire est une bataille de longue date de ces médecins humanitaires. Depuis sept ans, MSF a ainsi mené des négociations avec GSK et Pfizer - les deux seuls producteurs de ce vaccin – pour avoir accès à un prix plus abordable. « La réduction de prix annoncée par GSK représente une avancée majeure en vue de l’immunisation des enfants auprès desquels interviennent les acteurs humanitaires comme MSF », se réjouit donc l'ONG.
1 million de décès d'enfants par an
Mais cette dernière n'est pas totalement satisfaite. MSF espère désormais que Pfizer suivra l’exemple de GSK, et que les deux laboratoires réduiront également le prix de leurs vaccins dans tous les pays en développement qui n’ont aujourd’hui pas les moyens d’introduire le PCV dans les programmes de vaccination de routine.
« La décision de GSK représente une avancée majeure pour l’amélioration de la santé des enfants en situation d’urgence », précise dans un communiqué le Dr Joanne Liu, présidente internationale de MSF.
Et il y a, c'est vrai, urgence, car les pneumonies sont responsables de près d’un million de décès d’enfants par an. Elles représentent toujours la première cause de mortalité infantile dans le monde, alors qu'il est pourtant possible de les prévenir par la vaccination. Avant cette annonce, MSF et les autres organisations humanitaires n’avaient jamais pu acheter des vaccins contre le pneumocoque à un prix abordable. Il y a quelques mois, MSF a ainsi payé 60 euros (plus de 68 dollars) par dose pour le vaccin de Pfizer, lors d’une campagne de vaccination menée auprès d’enfants réfugiés en Grèce. « Ce prix est 20 fois plus élevé que le prix le plus bas au niveau mondial », note-t-elle.
Une pétition avec 416 000 signatures
Alors, pour se faire entendre, MSF a mené diverses actions. D'abord avec une campagne vidéo à l’ironie mordante. Et en avril dernier, MSF a remis une pétition qui a récolté plus de 416 000 signatures dans 170 pays, pour demander à GSK et Pfizer de réduire le prix du vaccin contre le pneumocoque à 5 dollars par enfant (pour trois doses du vaccin) pour les enfants affectés par des crises humanitaires et dans tous les pays en développement.
L'annonce de GSK d'hier est donc en deçà des attentes puisque l'industriel s’est engagé à proposer aux organisations humanitaires son vaccin PCV à 9 dollars par enfant (3,05 dollars par dose).
« Il faut que Pfizer suive l’exemple de GSK, et qu’il participe à développer une solution plus générale, en proposant aussi le prix global le plus bas aux acteurs humanitaires, poursuit le Dr Liu. Au lieu de diminuer le prix pour les organisations humanitaires, Pfizer n’a offert pour l’heure qu’un programme de donations. MSF souhaite avoir accès aux vaccins à des prix abordables et de façon durable, afin d’éviter que la santé des enfants les plus vulnérables ne dépende des gestes de bonne volonté des laboratoires », conclut l'ONG.