En France, près de 900 000 personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer ou par une maladie apparentée. Trois millions de Français sont même directement ou indirectement concernés, qu’ils soient malades ou proches des personnes affectées.
La 23e Journée mondiale Alzheimer qui se déroule ce mercredi est une journée de rassemblement et de mobilisation internationale pour les malades, leurs proches et aidants, les chercheurs et les professionnels de santé.
Mais elle est aussi l'occasion de rappeler quelques bonnes nouvelles dans ce domaine. C'est le cas de la baisse d'incidence de la maladie d’Alzheimer et des démences apparentées dans l'Hexagone. Le constat vient d'être établi dans le dernier BEH (1). Chez les femmes françaises par exemple, le risque de démence a baissé de 35 % entre 1990 et 2000.
Cette diminution restait même significative (-23 %) quand on prenait en compte d’autres facteurs explicatifs potentiels. Des données anciennes, certes, mais qui se confirment par des résultats plus récents au Royaume-Uni.
Et outre-Atlantique, la démence semble aussi marquer le pas au sein de la population américaine. Contacté par Pourquoidocteur, le Pr Philippe Amouyel, spécialiste des maladies liées au vieillissement et chercheur à l’Institut Pasteur de Lille, explique ce recul.
Où constate-t-on une baisse de l'incidence d'Alzheimer ?
Pr Philippe Amouyel : On constate que l'incidence de la maladie d'Alzheimer baisse dans les pays à haut niveau de revenus. Aux Etats-Unis, et en France notamment, où on enregistre une baisse significative des nouveaux cas. Mais si l’incidence diminue, la population, elle, continue de vieillir. Or, les personnes âgées sont les premières victimes de la démence. C’est sans doute pour cela que le nombre de cas devrait encore augmenter.
Comme explique-t-on cette baisse ?
Pr Philippe Amouyel : Il y a des pistes. Tout d'abord, celle de la capacité de résistance du cerveau qui a amélioré la réserve cognitive. Ce phénomène est observé dans les pays dits "riches" du fait de la nette amélioration de l'éducation des populations. Récemment, une vaste étude franco-américaine a suggéré que le risque de démence, et de maladie d'Alzheimer, diminue de 20 % chez les personnes âgées ayant un haut niveau d'études (depuis les années 50).
Par ailleurs, la stimulation cognitive est aussi favorisée par des activités comme le bricolage, le jardinage et les réseaux sociaux plus présentes dans les pays à haut niveau de revenus. Ces loisirs permettent également de développer la maladie d'Alzheimer plus tard au cours de la vie.
D'autres facteurs de risque sont-ils à retenir ?
Pr Philippe Amouyel : Ce recul s’expliquerait aussi par une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire tels que le diabète, le cholestérol ou l’hypertension. Elle aurait contribué à prévenir les démences vasculaires, mais aussi celle de type Alzheimer.
A contrario, 55 % des nouveaux cas dans le monde sont diagnostiqués dans des pays à faible ou moyen niveau de revenus (les pays asiatiques notamment). En Chine par exemple, on sait que les gens n'ont pas une hygiène de vie saine puisqu'environ 80 % des hommes fument.
Pour essayer de contrer cela, le gouvernement chinois investit déjà 2 à 3 fois plus que les Etats-Unis en matière d'éducation. Et il y a beaucoup de travail à faire car ces populations ont déjà adopté nos mauvaises habitudes alimentaires et le nombre de personnes obèses y augmente donc logiquement.
(1) Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire