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Alcoolémie

Ethylotests: un risque potentiel pour la santé

Par Bruno Martrette

Les éthylotests présentent des dangers en cas d'incidents avec des enfants. De plus, de mauvaises conditions de conservation pourraient conduire à contaminer l'embout porté au contact des lèvres. 

POL EMILE/SIPA
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Obligatoires dans tous les véhicules depuis le 1er juillet 2012, un modèle d'éthylotest sur deux serait défaillant. Selon l'enquête du mensuel Que choisir, les appareils en cause indiquent une alcoolémie inférieure à la limite légale alors qu'elle la dépassait.
Pas fiables donc, les éthylotests seraient également dangereux. C'est ce que montre une étude menée par le Comité de coordination de toxicovigilance (CCTV). La cause, des produits toxiques présents dans nos éthylotests et des risques immédiats pour la santé. Acide sulfurique et dichromate de potassium (chrome), autant de substances nocives qui exposent à des dangers pour la santé des usagers d'éthylotests et leurs enfants. 

156 cas d'exposition à un de ces agents ont été recensés par les centres antipoisons de France entre janvier 1999 et juin 2012. Un nombre en constante augmentation qui pourrait être lié au nombre plus important d'éthylotests écoulés sur le marché.
Les accidents sont souvent les mêmes: un dispositif croqué ou avalé par accident entrainant l'absorption de ces produits toxiques. Le résultat, irritations, brûlures, céphalées et conjonctivites. D'après le CCTV, une population serait particulièrement à risque: les enfants âgés de 1-4 ans. 31 cas sont rapportés pour cette tranche d'âge. Le défaut de surveillance des parents est par exemple fréquent.
Beaucoup plus rare, 4 cas, le dispositif avalé ou croqué par de jeunes adultes en état d'ébriété .

Autre conclusion inquiétante de cette étude, une situation particlulière relevée dans 13 cas, celle du contact buccal avec un dispositif degradé et contaminé par du liquide. Ces incidents seraient liés à de mauvaises conditions de stockage. Une anomalie d'autant plus regrettable quand on sait que les températures des habitacles des véhicules peuvent être largement supérieures aux préconisations des fabricants/distributeurs.
Un phénomène de condensation de vapeur d'eau et d'écoulement du tube de réactif a en effet été évoqué pour des températures très élévées dans certains véhicules. L'écoulement peut alors contaminer l'embout porté au contact des lèvres.
Pour le CCTV, ce risque de dégradation des dispositifs exposés à des conditions de température ou d'humidité élevées pourrait figurer sur le dispositif ou sur la notice en complément des conditions de stockage.

Ces substances dangereuses pour les hommes le sont également pour l'environnement et la faune aquatique. Une fois incinérés, les déchets d'éthylotests pollueront à terme les eaux superficielles et souterraines. Une crainte renforcée pour les éthylotests vendus sur internet ou à la sauvette et dont on ne sait pas exactement ce qu'ils contiennent. 
Pour tenter d'alerter les pouvoir publics, l'association Robins des bois réclame l'abrogation ou la modification du décret obligeant les usagers de la route à disposer d'éthylotests en bon fonctionnement dans chacun des véhicules. Selon l'association, cette obligation doit être conditionnée par la mise sur le marché d'éthylotests conformes aux normes et exempts de risques sanitaires et environnementaux.
Une requête restée lettre morte. Pour l'instant, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a uniquement reporté du 1er novembre 2012 au 1er mars 2013 la date à laquelle les automobilistes pourront être verbalisés faute de pouvoir présenter les appareils. La cause, les difficultés d'approvisionnement. Pourtant, un mince espoir subsiste pour les associations de protection de l'environnement, le ministre a également précisé que ce délai serait mis à profit pour  « évaluer l'intérêt du dispositif » .