Non, la France n’est pas la terre promise de la santé. En fait, pour être dans les meilleures conditions sanitaires, mieux vaut vivre en Islande. Tel est le constat à tirer d’une étude parue dans le Lancet, qui effectue un classement des pays dans le domaine de la santé.
Les travaux ont été réalisés par l'Institut américain des mesures et évaluations de la santé (IHME) à Seattle, et financés par la fondation Bill & Melinda Gates. Il s’agit de la première évaluation annuelle des performances de santé relatives aux Objectifs de développement durable (ODD/SDG) des Nations Unies.
Mortalité infantile et maternelle
Pour parvenir à hiérarchiser les Etats, les chercheurs ont établi un score à partir d'un index complexe intégrant 33 indicateurs de santé. Il s’agit ainsi de mesurer les progrès réalisés par ces pays entre 1990 et 2015. Chacun des indicateurs est noté de 0 à 100.
Dans ce classement, 188 pays ont été évalués. L'Islande arrive en tête. En cinquième place, on trouve le Royaume-Uni, suivi de l'Espagne (7e) du Canada (9e). La France n’arrive en 24e position, les Etats-Unis en 28e et la Chine en 92e. La République centrafricaine arrive dernière de ce palmarès, précédée de la Somalie et du Sud Soudan.
Les progrès varient très largement selon les indicateurs. Ainsi, plus de 60 % des pays ont déjà atteint les objectifs de réduction de la mortalité maternelle de 2030 (moins de 70 morts pour 100.000 naissances vivantes) et de mortalité infantile (25 décès pour mille naissances vivantes). En revanche, aucun pays n'a réussi à éliminer complètement des maladies comme la tuberculose.
France : peut mieux faire
Dans l’ensemble, le monde a fait des progrès pour améliorer la survie infantile et maternelle, ainsi que l'accès à la contraception, selon ce classement. Mais, il est encore loin d'atteindre les objectifs de Nations Unies en matière de lutte contre le surpoids des enfants qui a tendance à s’aggraver, les violences conjugales ou encore l'abus d'alcool.
Quant aux risques sanitaires liés à l'eau non potable et aux mauvaises conditions d'hygiène, la tendance mondiale est à la baisse, ce dont on peut se réjouir. Par ailleurs, d’importants progrès ont été réalisés dans l'accès à des services de santé essentiels, comme les thérapies antirétrovirales (anti-VIH) et les moustiquaires pour se prémunir du paludisme.
Dans ce classement, la France apparaît pénalisée par une lutte contre le tabagisme nettement moins volontariste que celle déployée à Singapour (2e du classement général), en Islande (1er), ou en Suède (3e). Le pays souffre aussi d’un taux de « décès dus à la violence collective », qui peut s'expliquer par les attentats de l'an dernier. Au contraire, le score français pour les violences interpersonnelles (crime, homicide involontaire...) apparaît plutôt meilleur que celui de plusieurs pays qui la précède dans ce classement.
Etats-Unis : trop d'inégalités
Les Etats-Unis, quant à eux, se situent à la 28e place, juste devant l'Estonie. Le pays doit ses performances relativement médiocres aux indicateurs portant sur les morts dues aux violences entre personnes, le VIH, la consommation d'alcool, le surpoids des enfants et les suicides. Ses piètres scores en matière de mortalité maternelle et infantile, comparés aux autres pays riches, sont le reflet des inégalités d'accès aux soins de qualité, souligne l'étude.
Enfin, malgré une croissance économique rapide, l'Inde est classée à la 143e place, juste derrière les Comores et le Ghana.
