Le paracétamol, bientôt en promotion dans les officines ? Sans aller jusque là, les pharmaciens pourraient bénéficier d’un assouplissement des règles de promotion. L’Ordre des pharmaciens a élaboré un texte en ce sens, après avoir consulté les différents acteurs de la filière. Il ouvre notamment la possibilité de créer des programmes de fidélité. Le document, qui régule aussi la composition des vitrines, a été transmis au ministère de la Santé, qui devra ensuite le valider. D’ici là, les règles précédentes perdurent mais les internautes s’affolent.
Le nerf de la guerre porte sur la fidélisation des clients de pharmacie. Consultée en mai dernier, la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF) estimait « excessive » l’interdiction totale qui pèse sur la profession. « A titre d’exemple, les cartes de fidélité pourraient être autorisées à la condition de ne porter que sur des produits de parapharmacie », avançait le syndicat. Des conditions précises visiblement mal comprises sur Twitter : les adeptes du réseau social déplorent déjà une dérive commerciale et font fonctionner leur imagination.
La santé publique en tête
L’interprétation est quelque peu excessive : le texte précise bien que les produits soumis au monopole pharmaceutique sont exclus des programmes de fidélité. Ceux-ci ne pourront porter que sur les cosmétiques, les compléments alimentaires ou encore la parapharmacie. Alain Delgutte, président du Conseil central des pharmaciens titulaires d’officine, juge ces propositions plus « en phase avec le développement des nouvelles technologies mais aussi avec les nouvelles aspirations des patients et des pharmaciens eux-mêmes ».
La FSPF a dû sentir les protestations venir : dans son communiqué du début de l’été, elle alertait de l’impact sur l’image du pharmacien « qui ne serait plus considéré que comme un commerçant ». Le syndicat a alors émis des inquiétudes quand à l'affaiblissement du monopole.
Faire du pharmacien un commerçant, ce n’est pas justement l’esprit du nouveau code proposé par l’Ordre. Au contraire, il replace le professionnel au centre du système de santé. Ainsi, les messages de veille sanitaire ou de santé publique doivent occuper un espace « significatif » par rapport aux offres publicitaires. L’accord du client doit toujours être sollicité avant celles-ci. Les groupements de pharmacie n’auront pas non plus le droit de faire leur promotion. Ils pourront toutefois organiser des campagnes de prévention coordonnées. Reste à savoir si ce volet sera retenu dans les esprits collectifs.