Au lendemain de la journée sans voiture, voilà une deuxième annonce qui devrait ravir les piétons de la capitale. Une partie des voies sur berges leur sera prochainement réservée. Le Conseil de Paris a tranché ce 26 septembre. Automobilistes et motards feraient mieux de s’y habituer : les quais leur seront interdits sur plus de 3 kilomètres. Une mesure plébiscitée par la gauche et les élus écologistes, mais aussi par les habitants. 55 % d’entre eux s’étaient prononcés en faveur d’une telle évolution. De quoi réjouir la très active Maire de Paris : Anne Hidalgo a salué sur Twitter « la fin d’une autoroute urbaine » et « la reconquête de la Seine ».
Moins de pollution
Dans les faits, une partie de la voie Georges-Pompidou, empruntée chaque jour par 43 000 véhicules, sera fermée à la circulation. La section concernée part de l’entrée du tunnel des Tuileries (1e arrondissement) pour s’achever à l’issue du tunnel Henri-IV (4e arrondissement). La Maire n’en est pas à son coup d’essai. En 2014 déjà, elle a piétonisé une partie des voies sur berges de la rive gauche, au profit d’activités sportives et culturelles.
La pollution, elle, a baissé. « Dans la capitale française, l’exemple du Paris sans voiture a aussi fait ses preuves, en faisant baisser les taux de pollution, au moins le jour même », comme l’a récemment rappelé à Pourquoidocteur l’un des soutiens du projet, le pneumologue Bruno Housset. Un constat confirmé par les relevés de l’association AirParif.
Protéger les plus fragiles
Quant aux adeptes de la voiture, ils n’ont pas vu leur temps de trajet s’allonger. Il y a donc à espérer que ces bons résultats se reproduisent de l’autre côté de la Seine. D’après Anne Hidalgo, il faudrait compter 8 minutes de plus pour parcourir le tronçon entier. Un délai plutôt raisonnable pour des bénéfices réels.
« Dans toutes les villes où elle a été mise en place, la restriction de la circulation a fait baisser la pollution atmosphérique (Angleterre, Grèce, Suède, etc.) », a relevé le Pr Housset. Et l’impact des particules fines et autres polluants sur la santé, notamment pulmonaire et cardiovasculaire, est de mieux en mieux connu.
Dans certaines villes, la pollution permanente est telle que leurs habitants perdent 15 mois d’espérance de vie en moyenne. Agir est donc urgent. « Il faut que nous pensions tous davantage aux personnes fragiles, aux jeunes et aux seniors, aux yeux du Pr Bruno Housset. Ce sont les plus vulnérables face à la pollution atmosphérique. » De fait, elle serait responsable de 2 500 décès annuels dans la capitale.
Période d’essai de 6 mois
Sur les réseaux sociaux, l’accueil réservé à cette mesure est plus tiède. Certains se plaignent d’un contrat « perdant-perdant » pour les automobilistes et les piétons, exposés à davantage de pollution sur certaines zones. D’autres saluent l’initiative et relèvent, non sans malice, la coïncidence avec la proposition d’une zone naturiste dans Paris.
Le vote doit maintenant être confirmé par un arrêt municipal, à paraître dans quelques semaines. Il devrait suivre l’avis du préfet de police de Paris, qui a statué pour six mois de test sur cette portion des quais.
@Anne_Hidalgo Triste jour pour Paris, Madame.
— Olivier LACANAL (@OhfL1) 26 septembre 2016
Les quais 'hauts' vont devenir impraticables aux cyclistes et irrespirables pour les piétons.
C'est fait! Les berges de Seine rendues exclusivement aux piétons. Fier de cette décision historique qui rendra @Paris plus écologique.
— Bruno Julliard (@BrunoJulliard) 26 septembre 2016
La voie Georges Pompidou à Paris réservée aux piétons... Bientôt un camp naturiste à Paris... Bref : les voies sur Verge !
— Gilles Halais (@gilleshalais) 26 septembre 2016