Ce lundi, les praticiens hospitaliers ont entamé un mouvement de grève « massif ». Les professionnels se mobilisent pour réclamer une meilleure appréciation de leur temps de travail et une revalorisation des carrières à l'hôpital, confrontés à une pénurie de praticiens.
Les professionnels étaent invités à cesser leur activité ce lundi, puis tous les soirs et toutes les nuits, par deux intersyndicales, Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), qui soutiennent le mouvement initialement lancé par le syndicat d'anesthésistes-réanimateurs SNPHAR-E.
Crise hospitalière
Selon le syndicat, entre 80 et 90 % d’anesthésistes-réanimateurs auraient suivi ce mouvement de grève, et entre 30 et 40 % pour les autres spécialités (radiologie, chirurgie, gynécologie obstétrique…). « Nous avons lancé un appel très général, qui a touché toutes les spécialités », explique Yves Rebufat, président du SNPHAR-E.
Alors que l’hôpital traverse une crise profonde, marquée par une dégradation des conditions de travail, les praticiens lancent un cri d’alarme : près de 30 % des postes de praticiens hospitaliers (PH) sont vacants, et le manque d’attractivité des carrières hospitalières menace de renforcer ce phénomène.
« Cela fait quatre ans que nous participons à des discussions au sein du ministère de la Santé, précise Yves Rebufat. Une mission sur l’attractivité des carrières hospitalières a été lancée il y a deux ans, mais les discussions et propositions n’ont été suivies d’aucune mesures concrètes ».
Pour booster les envies de carrière à l’hôpital, les grévistes réclament une meilleure couverture sociale pour tous les statuts de praticiens, notamment pour les jeunes. « Ils sont particulièrement mal couverts, surtout les femmes, dont la prise en charge des grossesses est très mal assurée ». Les praticiens souhaitent également que des primes soient rapidement mises en place pour inciter les jeunes à rester à l’hôpital.
55 heures hebdomadaires
Autre point de tension : les temps de travail des praticiens hospitaliers, encadrés par une réglementation particulièrement floue. En juillet 2015, une circulaire du ministère de la Santé a fixé à 48 heures le temps de travail hebdomadaire maximal dans les urgences hospitalières. Les spécialités soumises aux mêmes contraintes devaient également tomber sous ce régime, mais les anesthésistes-réanimateurs n’y ont pas été intégrés.
« Pourtant, nous estimons que nous devrions en faire partie. On travaille comme des fous et on nous demande toujours plus. Alors nous disons stop ; il faut que ça s’arrête », insiste Yves Rebufat, qui évoque un temps de travail moyen de 55 heures hebdomadaires chez les praticiens hospitaliers, et dénonce une « dérive » du système.
De fait, au-delà des temps de travail, les anesthésistes-réanimateurs ne sont pas les seuls hospitaliers à dénoncer une dégradation des conditions de travail liée à l’objectif de rentabilité que s’est fixé l’hôpital depuis quelques années, au gré des réformes budgétaires. « Notre métier ne s’accommode pas de cette pressante productivité ; cela ne correspond pas du tout à notre activité médicale normale », déplore Yves Rebufat.
Le mouvement de grève ne devrait toutefois pas avoir d’impact sur la continuité des soins, les médecins étant réquisitionnés afin de ne pas perturber les services. Des interventions chirurgicales programmées pourraient éventuellement être reportées. « Mais ce sera la seule traduction concrète de cette grève pour les usagers », assure Yves Rebufat.