Le VIH est encore plus retors qu’on ne l’imaginait. Depuis les années 1980, la communauté scientifique s’est accordée autour d’une notion : le virus responsable du sida possède neuf gènes. Elle était dans l’erreur, comme le révèle une étude parue dans PNAS, la revue de l’Académie américaine des sciences. Menée par le CNRS, elle conclut qu’un dixième gène existe bel et bien. Il s’était bien dissimulé.
Les chercheurs français n’ont pas ménagé leur peine pour parvenir à cette découverte. Ils ont analysé 23 000 séquences d’ARN viral provenant de l’homme mais aussi du singe. L’objectif était de retracer l’évolution du VIH à partir de sa première diffusion chez l’être humain.
Une fonction inconnue
Le « dixième gène », asp, n’existe pas chez le singe. Il ne se trouve que dans le groupe M, à l’origine de la pandémie actuelle. En effet, ce gène est apparu alors que le virus a émergé chez l’être humain au début du XXe siècle. S’il a fallu autant de temps aux scientifiques pour le trouver, c’est qu’il était bien dissimulé et chevauchait en partie un autre gène, chargé de réguler l’enveloppe du virus. Cela s’explique par la nature même du VIH : il s’agit d’un rétrovirus. Transmis dans un organisme hôte, il transfère une partie de son matériel génétique dans l’ADN.
Ce « génome proviral » possède deux brins, dont un qualifié d’antisens. C’est ici que se dissimulait asp. L’évolution du VIH a visiblement favorisé son maintien : diverses mutations se sont produites pour que la protéine continue d’être exprimée. Cela suggère que le gène a une fonction importante pour le virus, avantageuse selon l’hypothèse des chercheurs. Une grande inconnue persiste dans ce domaine. Pour le moment, les chercheurs sont incapables de dire quelle est la fonction de cette protéine.