« Devenir générique, ça se mérite ! » Le slogan se veut accrocheur et pour cause : il s’agit ni plus ni moins de relancer l’élan de confiance des Français envers les génériques. Le ministère de la Santé lance ainsi une nouvelle campagne de communication en faveur de ces médicaments, dont le recours permet de réaliser des économies de taille pour la Sécurité Sociale.
« En cinq ans, le générique a permis d’économiser sept milliards d’euros », a souligné ce mardi Marisol Touraine au cours d’une conférence de presse. Les prescriptions de génériques sont à la hausse : elles représentaient 36 % de l’ensemble des prescriptions en 2011. En 2016, ce taux a bondi à 44 %.
French paradoxe
Des chiffres dont on peut se réjouir, mais qui peinent à dissimulent une réalité : la France est la traîne par rapport à ses voisins européens. En sondant l’opinion, les autorités sanitaires ont ainsi décelé un certain nombre de barrières qu’elles souhaitent faire tomber.
Près de huit Français sur dix (78 %) ont recours aux génériques, selon un sondage BVA réalisé pour la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM). Les malades chroniques (81 %) et les 35-50 ans (85 %) figurent parmi les plus convaincus. Par ailleurs, 93 % de ceux qui se traitent avec des génériques s’en disent satisfaits, et 77 % savent que l’efficacité des génériques est démontrée. Enfin, 74 % des Français se déclarent favorables à une prescription plus importante de génériques.
Malgré cette large adhésion, une méfiance demeure autour de ces médicaments. Le sondage montre ainsi un fort paradoxe : le niveau de confiance ne s'établit qu'à 6,8/10 pour les Français. Une note que l’on retrouve chez les médecins généralistes (6,6/10).
Comme motif de méfiance, les sondés évoquent le contrôle dans la fabrication des médicaments, la capacité des génériques à soigner des maladies graves comme les cancers, ou encore les excipients contenus dans ces médicaments, qui diffèrent des princeps sans toutefois altérer leur efficacité. « Encore trop de Français et de professionnels de santé continuent de s’interroger sur les médicaments génériques », a ainsi déploré Marisol Touraine.
"Installer un nouvel imaginaire"
Et pourtant… « Les contrôles sont les mêmes que pour les autres médicaments ; la nature et les taux d’anomalies décelées lors de ces contrôles sont similaires, aux alentours de 7 % en 2015 », a fait savoir Dominique Martin, directeur de l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM), également présent à la conférence de presse.
« Il y a un vrai effort de pédagogie à fournir », a insisté Marisol Touraine, qui souhaite « installer un nouvel imaginaire » autour des médicaments génériques. Et pour cela, le seul argument économique ne suffira pas.
Dans les prochaines semaines, des spots radiophoniques et télévisés seront ainsi diffusés, avec des voix d’experts pour informer et rassurer les Français. Une plateforme a été mise en ligne, où les internautes peuvent poser leurs questions à des spécialistes jusqu’au 22 novembre. Objectif : faire comprendre que les génériques suivent le même parcours que les autres médicaments en terme de fabrication, de sûreté et d'efficacité.