La solitude. Un thème presque aussi fréquent que l’amour dans les chansons populaires. Mais tout le monde n’en est pas victime de la même façon. En fonction des individus, le sentiment d’esseulement peut varier fortement. Une différence qui s’explique en partie par nos gènes. Mais des chercheurs de l’université de Californie à San Diego (Etats-Unis) relativisent le poids de notre ADN. L’environnement a plus d’impact, expliquent-ils dans Neuropsychopharmacology.
Des mutations courantes
Le patrimoine génétique de 10 000 Américains âgés a été scruté par l’équipe. Tous participaient à une étude sur le vieillissement, et ont été interrogés sur la qualité de leur vie sociale. « Nous voulons savoir pourquoi, sur le plan génétique, une personne est plus à risque qu’une autre de se sentir seule, même dans une situation comparable », précise Abraham Palmer, principal auteur de la publication. Les réponses confirment que les gènes ont un impact sur le fait de se sentir seul. 17 à 27 % du sentiment est expliqué par leur influence.
L’environnement conserve donc un poids majeur. Il est même encore plus prononcé qu’avant. En effet, des études précédentes ont jugé que la génétique expliquait 37 à 55 % des variations dans la solitude perçue. Ces derniers travaux relativisent ce phénomène. Mais les chercheurs le reconnaissent : ils n’ont pris en compte que les mutations les plus courantes, ce qui pourrait expliquer ce décalage.
Dépression, névrose
L’équipe californienne a également approfondi les connaissances en la matière. Le gène qui influence la perception d’esseulement s’associe souvent au risque de névrose et de symptômes dépressifs modérés. Ils n’ont en revanche trouvé aucun lien avec les fragments d’ADN qui régulent la dopamine ou l’ocytocine. Ce neurotransmetteur et cette hormone étaient pourtant soupçonnés d’agir sur l’isolement.
Voilà qui devrait pousser à prêter davantage d’attention à l’environnement des personnes qui se sentent seules. Car la littérature est unanime sur au moins un point : cette sensation prédit le risque de décès prématuré. En effet, elle est associée à une santé dégradée, à la fois sur le plan mental et sur le plan physique. Maladies chroniques et incidents cardiovasculaires sont ainsi favorisés. Pour Abraham Palmer, la solitude serait donc un mécanisme d’alerte biologique supplémentaire.