Très cher gaspillage… Dans les collectivités, le gâchis de nourriture a un coût, et non des moindres. Une étude de l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) menée dans 12 établissements de la région Rhône-Alpes révèle un gaspillage alimentaire et financier de vaste ampleur dans la restauration collective.
Les auteurs de ces travaux ont ainsi calculé que dans les établissements étudiés (écoles, hôpitaux, EHPAD, entreprises…), 17 % des aliments achetés sont jetés, soit 14 % de leur coût d'achat. Cela représente 440 000 tonnes et plus de 600 millions de repas gâchés, jetés sans avoir été consommés, qui auraient pu nourrir pendant cinq jours l’ensemble des Français pour le déjeuner et dîner, calcule l’Ademe.
Les hôpitaux en tête
« La restauration collective de santé est le secteur produisant le plus de pertes et gaspillage alimentaire, avec 143 g/repas en moyenne, peut-on lire dans le rapport. Ceci peut s’expliquer par la diversité des profils alimentaires à satisfaire, et l’appétit des convives, très variable (maisons de retraite et hôpitaux en particulier) ».
Ainsi, au niveau national, le secteur de la santé distribue 1,5 milliard de repas par an et en gâche 230 000 tonnes, pour un montant de 420 millions d’euros. Dans le détail, toutes restaurations collectives confondues, les pertes et gaspillage d'aliments représentent un coût de 0,27 euro par repas, et même 0,68 euros si l’on prend en compte la gestion des déchets issus de ce gaspillage, comme l'énergie consommée pour préparer les plats, détaille l'Ademe.
Légumes, viandes, poissons
Les légumes, les viandes, les poissons et les œufs sont les catégories d'aliments les plus jetées, représentant 60 % des quantités 70 % des coûts perdus. Cette étude montre aussi que la lutte contre le gaspillage alimentaire peut être une source d'économies pour les établissements concernés.
L'Ademe lance quelques pistes : un meilleur calibrage des portions distribuées, ainsi que des actions sur la préparation ou la présentation des plats. Les économies réalisées permettraient aussi d'améliorer la qualité des près de trois milliards de repas servis chaque année dans la restauration collective.
L'Ademe cite l'exemple du conseil départemental de l'Isère qui a réduit d'un tiers le gaspillage dans ses 96 collèges, réalisant une économie d’un million d'euros par an, réinvestis dans des produits de meilleure qualité.