Une nouvelle contamination mystérieuse du virus Zika interroge depuis des mois des médecins américains. Un septuagénaire décédé en juin des suites de l’infection par le virus aurait contaminé un de ses proches venu lui rendre visite à l’hôpital, rapportent des chercheurs de l’université de Utah (Etats-Unis) dans une étude publiée ce jeudi dans le New England Journal of Medicine.
La mort de cet homme de 73 ans est le premier décès relié au virus Zika sur le territoire américain depuis le début de l’épidémie. Dans le monde, sur les millions de personnes infectées, seulement 9 sont mortes, notamment des suites du syndrome de Guillain-Barré.
Contamination par des larmes
En mai dernier, quelques jours après son voyage au Mexique pour voir sa famille, le senior se plaint de douleurs abdominales et de fièvre. Admis à l’hôpital universitaire, les médecins constatent qu’il présente une inflammation des yeux et un larmoiement, une pression artérielle basse et un rythme cardiaque rapide. Malgré les soins apportés par l’équipe médicale, son état s’aggrave et il décède d’une septicémie. Des tests effectués post-mortem révèlent qu’il est porteur du virus Zika, infection qu’il a contractée lors de son voyage dans le Sud-Ouest du Mexique.
Sept jours après la mort du patient, l’un de ses proches, un homme de 38 ans, présente lui aussi une inflammation des yeux. Des tests confirment qu’il est aussi contaminé par le virus Zika. Dans l’état de Utah, les moustiques ne transmettent pas le virus. Les deux hommes n’ont pas non plus eu de rapport sexuel, et il n’a pas été en contact avec du sang. Alors comment a-t-il pu être infecté ? Interrogée par le Pr Swaminathan, le patient numéro 2 raconte qu’il a aidé le septuagénaire à s’installer dans son lit et a essuyé ses larmes.
Un cas unique
Des études ont montré que le virus Zika peut se loger dans l’œil. Aussi pour les médecins, il est fort possible que le trentenaire se soit infecté par cette voie. Autre argument en faveur de cette hypothèse : le sang du patient numéro 1 contenait 200 millions de particules virales par millilitre. « Je ne pouvais pas le croire. C’est 100 000 fois plus que ce qui est rapporté chez les autres patients atteints de Zika », relève le responsable des travaux. Cette charge virale extrêmement élevée expliquerait pourquoi le système immunitaire de l’homme n’a pas réussi à se défendre et qu’il est devenu hautement contagieux.
« Ce cas rare nous permet de mieux comprendre toutes les manifestations de la maladie, et les moyens de prévention que nous devons adopter afin d’éviter la propagation du virus, souligne le Pr Sankar Swaminathan, chef du département des maladies infectieuse à l’Ecole de médecine de l’université de Utah. Ce type d’information est aussi une aide précieuse pour améliorer le développement de traitements contre Zika tandis qu’il continue à se répandre dans le monde »
Cependant, les médecins ne s’expliquent toujours pas pourquoi ce patient a développé une telle infection. « Nous ne verrons peut-être plus jamais un cas comme celui-là, mais il nous montre que nous avons encore beaucoup de chose à apprendre sur Zika », conclut le Pr Swaminathan.