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Apprendre ou réapprendre à goûter, c'est possible ! Grâce à « l'alimentation intuitive » notamment, une méthode qui cherche à rétablir l'aspect sensoriel de cet acte familier. C'est d'ailleurs aujourd'hui un outil thérapeutique utilisé pour traiter certains troubles métaboliques comme l'obésité, où elle peut avoir plus de succès que des régimes à répétition.
« Ici le principe est non pas d'interdire certains aliments mais d'en limiter les quantités tout en améliorant le plaisir ressenti grâce à la dégustation, notamment en prenant son temps », précise le docteur Dominique-Adèle Cassuto, endocrinologue et nutritionniste à Paris, qui l'applique notamment à des groupes d'adolescents obèses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Enrayer la prise de poids
Une première phase préparatoire s'attache à verbaliser la relation des patients vis-à-vis de la nourriture et à leur faire retrouver les sensations de faim et de rassasiement en écoutant leurs corps. Des ateliers de dégustation sont ensuite mis en place pour remettre le goût mais aussi les autres sens au cœur de l'alimentation. Avec des résultats parfois surprenants. « Ces adolescents changent d'attitude envers les aliments, se réjouit la nutritionniste. Ils se rendent compte que "peu" et "bon" peut suffire à les rassasier ». Ce qui enraye leur prise de poids.
Une récente étude réalisée sur 52 163 volontaires de la cohorte NutriNet-Santé vient d'ailleurs de révéler une association significative entre l'alimentation intuitive et le poids : les personnes qui mangent uniquement quand elles ont faim et non sous le coup de l'émotion, et qui s’arrêtent une fois rassasiées ont moins tendance à être en surpoids ou obèse. Le goût pourrait donc devenir un allié dans le combat contre certains troubles alimentaires en permettant de trouver, ou de retrouver, le plaisir de se nourrir sainement.
Simon Pierrefixe
Science&Santé, le magazine de l'Inserm