Le Pr Agnès Buzyn n’a pas la langue dans sa poche. C’est sur le terrain du prix des médicaments que la présidente de la Haute Autorité de santé s’est fait entendre ce week-end, rapporte Daniel Rosenweg, du Parisien. Lors de la convention de CHAM (1) – sorte de Davos de la santé – qui s’est tenue à Chamonix (Haute-Savoie) en présence de 500 acteurs du secteur de la santé, cette spécialiste en hématologie a dénoncé les pratiques de certains laboratoires en matière de fixation des prix des anticancéreux. Exemples à l’appui.
A six ans d’intervalle, a-t-elle expliqué, deux laboratoires commercialisent deux médicaments contre le cancer – qui prolongent de trois mois l’espérance de vie, le premier à 44 500 euros le traitement et le second à 105 000 euros. « Je ne peux pas croire, a-t-elle souligné, que les coûts de recherche et développement ont été multipliés par 2,5 en six ans… »
Autre exemple rapporté par la patronne de la HAS : les laboratoires « présentent un nouveau médicament en ciblant une maladie orpheline. Comme peu de patients sont concernés, un bon prix de remboursement est accordé. Ensuite, ils multiplient les indications pour d’autres pathologies et on se retrouve avec un médicament utilisé par un nombre de patients beaucoup plus élevé et un prix de remboursement inchangé. »
Pour changer la donne, certains experts proposent de moduler le prix d’un médicament en fonction de son indication. La HAS ne serait pas insensible à cette piste de réflexion, selon le quotidien.
Après d’autres, cette prise de position de la part d’une représentante d’une institution officielle marque sans doute un tournant. Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale qui doit être présenté au conseil des ministres ce mercredi, un coup de rabot d’1,6 milliard d’euros est attendu sur le poste médicament, rappelle le journaliste.
Le même jour, Médecins du monde va tenter de faire annuler le brevet du Sovaldi auprès de l’Office européen. Commercialisé par le laboratoire Gilead, ce traitement contre l’hépatite C coûte 41 001 euros.
(1) Convention on Health Analysis Management