Résidus de pesticides, bisphénol A (BPA), phtalates, médicaments… Les perturbateurs endocriniens sont présents dans l’air, l’eau ou nos assiettes. Cette exposition préoccupante affecte les fonctions reproductrices et favorise l’apparition de l’obésité ou du diabète. Mais ces substances chimiques réduiraient aussi le taux sanguin de vitamine D, suggère pour la première fois une étude présentée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.
Les chercheurs de l’Ecole de santé publique de l’université du Michigan (Etats-Unis) se sont particulièrement intéressés au BPA trouvé dans de nombreux objets en plastique – interdit en France dans les contenants alimentaires depuis 2015 -, et aux phtalates contenus dans les cosmétiques ou les jouets pour enfants. Ils ont étudié les niveaux d’exposition de plus de 4 600 adultes entre 2005 et 2010 à travers tous les Etats-Unis. A plusieurs reprises les participants ont fourni des échantillons d’urine et de sang afin d’évaluer les taux de vitamine D, et repérer des traces de perturbateurs endocriniens.
Diminution légère
Les résultats de ces analyses montrent que les personnes les plus exposées aux phtalates présentent une diminution de 1,90 % du taux de vitamine D par rapport à celles peu exposées à ces molécules. Un lien qui semble être beaucoup plus prononcé chez les femmes. En outre, l’association entre une exposition importante au BPA et des niveaux bas de vitamine D était significative uniquement chez les femmes. Chez ces dernières, la présence d’importantes quantités de métabolites du BPA dans les urines est liée à une réduction de 3,71 % de la vitamine D.
« Il est possible que ces substances chimiques altèrent la forme active de la vitamine D dans l’organisme comme elles le font pour impacter les hormones reproductrices et thyroïdiennes, explique le Pr John Meeker, auteur principal de l’étude. Des études de confirmation seront nécessaires pour comprendre ces associations et déterminer si elle existe dans d’autres populations ».
Tout le monde est concerné
Et bien que cette étude ne conclue pas à une relation de cause à effet, les auteurs estiment que ces résultats ne doivent pas être pris à la légère. « La quasi-totalité des habitants de la planète sont exposés au bisphénol A et à d’autres perturbateurs endocriniens comme les phtalates, souligne Lauren Johns, l’une des auteurs. Ainsi, la possibilité que ces substances puissent diminuer légèrement le taux de vitamine D peut avoir d’importantes conséquences en termes de santé publique. La vitamine D endosse un rôle important dans la santé osseuse et musculaire. De plus, des niveaux bas de vitamine D sont impliqués dans de nombreuses maladies : pathologies cardiovasculaires, diabète ou cancers ».