Ceux qui ont déjà subi une chirurgie lourde vie le savent : cela n’a rien d’une partie de plaisir. Mais il est un moment qui peut s’avérer encore plus désagréable que ces quelques heures d’intervention : la convalescence. La Haute Autorité de Santé (HAS) publie ce lundi un guide pour améliorer et raccourcir la guérison post-chirurgicale.
« Depuis les années 90, des expérimentations menées dans différents pays ont montré qu'il était possible de faciliter le rétablissement des patients », explique la HAS, qui souhaite favoriser le développement de ces programmes sur le territoire.
Séjours réduits
Ces programmes, initialement apparus au Danemark mais testés dans de nombreux pays depuis, permettent de réduire considérablement les durées de séjour post-opératoire. (de 4,5 jours pour une chirurgie colorectale, trois jours pour le genou et la hanche).
« De nombreux facteurs altèrent et ralentissent la récupération des patients », rappelle d’abord la HAS. En effet, la durée et la qualité de la guérison varient en fonction de la douleur ressentie par le patient, de son stress, de sa fatigue et de son sommeil, de son alimentation…
« Ces facteurs ne sont toutefois pas inéluctables. En agissant sur eux, il est possible d'écourter la durée d'hospitalisation sans augmenter le risque de ré-hospitalisation, de réduire la survenue de complications et d'améliorer la satisfaction du patient », insiste la HAS.
Préparer l'intervention
Des actions « souvent très simples » doivent ainsi être mises en place. La HAS recommande, avant l’opération, de préparer le patient physiquement et psychologiquement.
« En amont de l'opération, il convient de réaliser une consultation spécialisée avec une infirmière ou un kinésithérapeute pour informer et former le patient aux différentes étapes de son opération, anticiper les soins après son retour à son domicile et éventuellement l'aider à améliorer sa condition physique en vue de la chirurgie (exercices physiques, vérification des carences, aide au sevrage tabagique ou alcoolique,…) ».
Le jour même de l'opération, la HAS recommande de « réduire au maximum le jeûne préopératoire, veiller aux apports en sucres et ne pas systématiser les anxiolytiques ».
"Le moins invasif possible"
Pendant l'opération, il convient d’adapter l'anesthésie et d’être le moins invasif possible. « D'une part, il faut prendre en compte les réactions individuelles à l'anesthésie : veiller à l'hydratation du patient, prévenir l'hypothermie, utiliser le plus possible des antidouleurs autres que la morphine, prévenir les effets indésirables comme les nausées et les vomissements.
D'autre part, il convient de privilégier les techniques chirurgicales les moins invasives, de prendre en compte les complications éventuelles et de limiter l'usage des sondes et des drains ».
Après l'opération, il faut « encourager le patient à se lever et à se réalimenter précocement, tout en continuant à privilégier des associations d'antidouleurs sans morphine ». Dès qu'il est apte, le patient peut « rentrer à son domicile où tout aura été préparé afin qu'il y poursuive sa convalescence dans les meilleures conditions de soins et de suivi ».
Impliquer le patient
Différents paramètres humains et organisationnels conditionnent la réussite des programmes de récupération améliorée. La HAS insiste ainsi sur l'importance de « développer un fonctionnement transversal entre professionnels de disciplines différentes, de garantir la coordination avec la médecine de ville et d'adapter l'organisation de l'établissement ».
Pour chaque opération chirurgicale, des protocoles de soins doivent être déclinés pour tenir compte des spécificités de la pathologie et de l'intervention chirurgicale. Enfin, « obtenir l'adhésion du patient à la démarche est un élément clé : le patient doit avoir un rôle actif et participer à chaque étape de son opération avec les professionnels et ce, jusqu'à l'évaluation de sa prise en charge une fois rentré à son domicile ».