Lors d'une réception à l’Elysée organisée ce lundi, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a lancé la semaine nationale des retraités et personnes âgées. Dans un discours, elle a appelé à mieux écouter les besoins des proches et y répondre. « Nous devons mieux considérer le travail de celles et ceux qui, au quotidien, accompagnent les personnes âgées à leur domicile. C’est pourquoi a été instauré un droit au répit (1) pour les aidants afin qu’eux aussi, puissent "souffler" », a-t-elle insisté.
L’occasion pour la rédaction Pourquoidocteur de braquer les projecteurs sur ces personnes souvent obligées de concilier engagement professionnel et rôle d’aidant. Avec difficultés. C'est en tout cas ce que montre une enquête France Alzheimer et maladies apparentées (2) publiée récemment en collaboration avec l’Institut d’études OpinionWay et avec le soutien du groupe Humanis.
Des RTT pour s'occuper de leurs proches
Elle montre en effet qu'en plus de négliger leur santé, huit aidants sur dix rencontrent des difficultés pour concilier vie professionnelle et rôle d’aidant. Plus précisément, 72 % des répondants considèrent que l’accompagnement de leur proche malade a une incidence négative sur leur concentration et leur efficacité au travail. Ainsi, 43 % indiquent avoir vu leur évolution de carrière freinée en raison des contraintes de l’accompagnement.
Pour comprendre peut-être ce qui heurte les employeurs, 44 % d’entre eux avouent avoir dû poser des jours de congés ou de RTT pour s’occuper de leur proche. 40 % doivent aussi régulièrement, pendant les heures de travail, organiser l’accompagnement de la personne malade. Encore plus pénalisant en entreprise, lorsqu'un aidant sur quatre indique devoir parfois aménager ses horaires de travail (24 %) et même les réduire pour 17 % d’entre eux.
3 heures pas jour d'aide malgré le boulot
Par ailleurs, le rôle d’aidant n’est pas non plus sans conséquences sur la vie personnelle. Elles se résument en quelques mots : « fatigue physique et psychologique. ». Plus de 90 % des sondés évoquent « stress, anxiété, fatigue et troubles physiologiques. » Et pas d'échappatoire dans ce quotidien, car l'’accompagnement au quotidien de leurs proches malades réduit considérablement leur temps récréatif et de loisirs.
Toutes ces tâches font qu'en moyenne, les aidants en activité professionnelle consacrent 3 heures par jour à l’accompagnement de leurs proches malades. Et le pire c'est que 44 % des répondants déclarent ne recevoir aucune aide (informative, financière, psychologique). Si la moitié des aidants interrogés peut compter sur le soutien de leur famille et de leurs amis, seulement 2 % affirment être accompagnés par leur entreprise.
Des mots sur des attentes
Pourtant, malgré les contraintes de cette double vie, pas question pour ces aidants d’interrompre leur activité professionnelle. Si l’aspect financier est le principal argument (87 %), les aidants avancent également d’autres raisons pour expliquer ce maintien dans l’activité : 47 % d’entre eux voient dans leur activité professionnelle l’occasion de sortir du quotidien de l’accompagnement.
Enfin, ce sondage a aussi permis aux aidants en activité professionnelle de mettre des mots sur leurs attentes. En clair, ils veulent du temps, avec la possibilité d’aménager leur présence au travail avec des horaires personnalisés et flexibles (56 %).
Les autres souhaits formulés sont la prise en compte du temps d’accompagnement de leur proche malade dans le calcul de leur retraite (62 %) ; des congés spécifiques rémunérés (60 %) ; et une aide financière pour accompagner leur proche (59 %).
(1) Le droit au répit pour l’entourage des personnes âgées en perte d’autonomie est une aide ponctuelle, dont le montant s’établit à 500 euros en moyenne. Elle peut ainsi servir à financer un hébergement temporaire de la personne aidée, ou un relais à domicile
(2) Cette étude a été réalisée, du 15 mars au 26 mai 2016, sur la base d’un questionnaire en ligne. 1 484 aidants ont répondu, dont 1 354 aidants actifs et 130 en recherche d’emploi.