Toujours plus haut, plus vite, plus fort… et plus vieux ! Les développements technologiques, et particulièrement dans le domaine de la santé, nous ont donné le sentiment que le corps humain n’aurait de cesse de s’améliorer. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui, aujourd’hui, croient en une possible vie – presque – éternelle. Une publication parue ce jeudi dans la revue scientifique Nature, et relayée par Le Monde, pourrait bien faire l’effet d’une violente douche froide : elle conclut que le record de longévité a déjà été atteint, et que la longévité humaine serait sur la pente descendante.
Le record de la Française Jeanne Calment restera-t-il à jamais inégalé ? Si l’on en croit les chercheurs de l’Albert Einstein College of Medicine de New-York (Etats-Unis), plus personne ne pourrait réussir à souffler 122 bougies. Les scientifiques n’y vont pas par quatre chemins pour résumer leurs résultats : « Démographes et biologistes ont fait valoir qu’il n’y avait aucune raison de penser que l’espérance de vie maximum arrêterait de progresser. Mais notre étude démontre que cet âge maximum a déjà été atteint et que ce pic l’a été dans les années 1990 », explique ainsi Jan Vijg.
Pour arriver à cette conclusion, qui en attristera plus d’un, les scientifiques ont épluché les données démographiques de nombreux pays, et ils se sont en particulier intéressés aux « super-centenaires », pourtant de plus en plus nombreux dans nos sociétés vieillissantes. Mais cette augmentation du nombre de centenaires ne doit pas faire croire à une longévité sans borne : l’âge des décès après 100 ans aurait ainsi tendance à stagner depuis 1997… Année de la mort de Jeanne Calment !
Les travaux de Juliana Antero-Jacquemin, publiés en 2014, avaient déjà suggéré qu’un plafond de longévité existait bel et bien, et se situerait autour de 115 ans, rappelle Le Monde. Et pour les chercheurs américains, la probabilité de dépasser un jour les 125 ans serait aujourd’hui inférieure à un pour 10 000 !
Hugo Aguilaniu, directeur de recherche au CNRS et à l’Ecole normale supérieure de Lyon, apportera peut-être un peu de réconfort à ceux qui se voyaient déjà en « super-centenaire ». « Les auteurs expliquent que la durée de vie n’est pas déterminée par une sélection génétique, ce qui est vrai, relève le scientifique dans les colonnes du Monde. Mais ils avancent que l’âge maximum est atteint en fonction d’éléments extérieurs, d’une usure, comme pour une voiture. On ne peut appliquer cette théorie à un être vivant comme à l’inerte. » La doyenne actuelle de l’humanité, l’Italienne Emma Morano, a soufflé ses 116 ans : arrivera-t-elle à faire mentir la science ?