Alors que des milliers de femmes vêtues de noir sont descendues dans les rues de Varsovie (Pologne), pour défendre le droit à l’avortement, des députés conservateurs ont voté contre la proposition de loi interdisant presque totalement ce droit en commission parlementaire. Un virage à 180 degrés opéré par le parti Droit et Justice (PiS) qui était, jusque là, favorable à ce projet.
De l’aveu même de l'ancienne Première ministre libérale Ewa Kopacz, membre de la commission de la Justice, les conservateurs craignent ces manifestations féministes. D’autant qu’elles sont soutenus par plus de 67 % des Polonais, selon un sondage Millward Brown.
Et la population polonaise n’est pas la seule à avoir dit son désaccord. L’Eglise, très influente dans ce pays d’Europe de l’Est, ne soutient pas ce projet qui prévoit de punir de 5 ans de prison les femmes ayant recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ainsi que les médecins ou toute personne participant à un avortement. Le Parlement européen a également appelé la Pologne à tirer un trait sur cette proposition et agir plutôt en faveur de l’égalité homme-femme.
Vote définitif la semaine prochaine
Il faut dire que le débat autour de l’avortement agite la société polonaise depuis près de 80 ans. La législation polonaise est l’une des plus restrictive : seules les femmes victimes de viol, d’inceste ou portant un fœtus atteint de malformations sévères ont le droit d’avorter. Mais l’IVG ne peut être pratiquée qu’après l’aval des médecins et dans un centre reconnu par l’Etat.
Le rejet d’une nouvelle interdiction est donc une victoire pour les organisations féministes, et défenseurs du droit à l’IVG. Mais ce recul sous la pression de la rue doit encore être approuvé par l’ensemble des députés. Le vote pourrait avoir lieu jeudi prochain.