ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Longévité : le record ne sera plus jamais battu

Barrière physiologique

Longévité : le record ne sera plus jamais battu

Par Anne-Laure Lebrun

Des chercheurs américains estiment que le pic de longévité a déjà été atteint par la française Jeanne Calment. A l'avenir personne ne soufflera plus de 122 bougies. 

alexraths/epictura

Grâce aux avancées technologiques et médicales, l’espérance de vie a considérablement augmenté au cours des 150 dernières années. Mais ce temps sur Terre alloué aux humains ne devrait plus progresser, suggère une étude publiée ce mercredi dans Nature. Personne ne devrait vivre aussi longtemps que la Française Jeanne Calment, décédée à l’âge de 122 ans.

Depuis la mort de la doyenne de l’humanité, le débat autour des limites de la vie agite la communauté scientifique. D’un côté, ceux qui pensent que la barrière physiologique peut être dépassée et qu’elle le sera. De l’autre, des chercheurs, comme ceux de l’Ecole de médecine Albert Einstein de New-York, auteurs de ces récents travaux, qui prédisent que la longévité humaine est sur une pente descendante.


Plus grande amélioration dans les années 1990

Pour étayer leurs hypothèses, ces derniers estiment que « si les limites biologiques n’existent pas (ou qu’elles n’ont pas été observées), la tranche d’âge connaissant la plus longue espérance de vie aurait dû augmenter », explique Jay Olshansky, professeur à l’école de santé publique de l’université de l’Illinois, à Chicago, dans un commentaire publié dans Nature. Or, au vu des données démographiques actuellement disponibles, l’espérance de vie a bien augmenté mais le pic de longévité n’a pas reculé depuis les années 1990.

De fait, en France, le nombre de personnes dépassant leur 75ème anniversaire a beaucoup augmenté depuis les années 1990 passant de 1,6 million après la seconde guerre mondiale à près de 6 millions aujourd’hui. Mais les chercheurs New Yorkais soulignent qu’en Suède, le premier record de longévité a été enregistré à 101 ans dans les années 1860 contre 108 dans les années 1990.


Vieillir en meilleure santé

Une conclusion confirmée par l’analyse des données démographiques des centenaires dans 4 pays (États-Unis, France, Japon et Grande-Bretagne). Alors que la proportion des supercentenaires a rapidement augmenté entre les années 1970 et 1990, elle a atteint un plateau en 1997, année à laquelle Jeanne Calment s’est éteinte. Depuis, aucun centenaire à travers le monde n’a égalé son record.

Selon les calculs des chercheurs, l’âge maximum pouvant être atteint par un humain ne dépassera pas 115 ans. « Les progrès futurs contre les pathologies infectieuses ou les maladies chroniques pourront booster l’espérance de vie, mais pas le pic de longévité, estime le Dr Jan Vijg, auteur de l’étude. Et bien que de nombreuses percées thérapeutiques pourraient accroître la durée de vie au-delà des limites que nous avons calculées, de telles avancées devraient dépasser les variants génétiques qui déterminent notre espérance de vie. Peut-être que les ressources engagées pour prolonger l’espérance de vie devraient être investies pour améliorer les années de vie en bonne santé. »