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Paralysie progressive

Zika : le lien avec le syndrome de Guillain-Barré confirmé

Par Anne-Laure Lebrun

Le virus Zika serait bien responsable de la hausse des cas de syndrome de Guillain-Barré. Mais les chercheurs ignorent comment il provoque ces troubles neurologiques. 

Tony Winston/Agência Brasília/Flickr

Le virus Zika est bien responsable de la hausse des cas de syndrome de Guillain-Barré, un trouble neurologique post-infectieux, affirment des médecins colombiens dans le New England Journal of Medicine.

Le lien entre cette complication provoquant une paralysie progressive et ce virus transmis par le moustique Aedes est suspecté depuis l’épidémie de 2013 en Polynésie française. Cette première épidémie d’ampleur touche la moitié de la population, et 42 cas de syndrome de Guillain-Barré sont recensés. Mais au même moment, la dengue sévit. Difficile alors de confirmer que Zika est responsable.

Trois ans plus tard, la dangerosité de ce virus refait surface. Sur une soixantaine de pays touchés par l’épidémie de Zika depuis 2015, onze (1) rapportent une proportion anomale de personnes souffrant de ce syndrome. Le Brésil, épicentre de la flambée épidémique, est frappé de plein fouet. Très vite, la Colombie est touchée à son tour. Les départements français d’Amérique ne sont pas non plus épargnés. Mais là encore, il faut prouver la culpabilité du virus.


Plus de 600 complications neurologiques

En Colombie, entre novembre 2015 et mars 2016, près de 60 000 personnes auraient été infectées par Zika. A cette proportion s’ajoute 400 patients souffrant de complication neurologiques, dont 270 cas de Guillain-Barré. Habituellement, le pays enregistre 250 cas en une année.

Pour mener leurs travaux, l’équipe de médecins colombiens a étudié les dossiers médicaux et échantillons de sang et d’urines de 68 personnes atteintes de ce syndrome. Parmi eux, 66 ont présenté des symptômes caractéristiques de l’infection (éruption cutanée avec ou sans fièvre, douleurs articulaires, conjonctivite). Les analyses sanguines et de liquide céphalorachidien pratiquées chez 42 patients révèlent la présence du virus chez 17 d’entre elles.

Par ailleurs, les observations des chercheurs révèlent que le syndrome peut se déclencher 4 jours après le début des symptômes (période médiane) et jusqu’à 48 jours après. Avec la faiblesse des membres et les fourmillements, la paralysie de la moitié du visage est l’un des signes le plus fréquent. En outre, des électromyographies (examen des muscles et des nerfs) réalisés chez 46 patients mettent en évidence l’atteinte nerveuse : les gaines de myéline autour des neurones sont détruites. Résultat : la transmission du signal nerveux est ralentie, ce qui provoque la faiblesse musculaire et la paralysie.


De nombreux cas encore attendus

Pour les chercheurs colombiens, tous ces éléments concourent à prouver la responsabilité du virus Zika. Ils soulignent cependant qu’on ignore encore comment il provoque cette complication neurologique.
Dans un commentaire accompagnant l’étude, deux spécialistes rappellent quant à eux que l’épidémie n’est pas finie et que de nombreux cas de Guillain-Barré pourraient être recensés sur le continent américain ces prochains mois.