La France et le Royaume-Uni ont appelé ce vendredi à l'arrêt des bombardements sur la ville assiégée d'Alep par les appareils russes et syriens. Cela au moment même où le Conseil de sécurité ouvrait une réunion d'urgence sur la crise en Syrie. Et il y urgence à trouver une solution. D'après les observateurs sur place, les quartiers rebelles de la ville pourraient être « totalement détruits » d'ici la fin de l'année. Les hôpitaux payent un lourd tribut dans ce bilan dramatique.
Dans un communiqué publié ce vendredi, l'association Médecins Sans Frontières (MSF) écrit : « Pendant que l’est d’Alep vit les bombardements les plus féroces depuis le début de la guerre en Syrie, l’accès aux soins de santé est devenu extrêmement limité. Chercher à se procurer des soins est devenu un danger en soit, avec au moins 23 attaques enregistrées sur les huit hôpitaux d’Alep-Est depuis le début du siège en juillet », recensent ces humanitaires.
Les deux dernières structures médicales endommagées
Pour comprendre comment on a pu en arriver là, l'ONG rappelle que les deux dernières structures médicales pouvant délivrer des soins chirurgicaux à l’est d’Alep - soutenues par MSF et d’autres organisations - ont chacune été endommagées cinq fois. Une n’est d’ailleurs plus fonctionnelle depuis le 1er octobre.
Et ces bombardements n'ont pas épargné les vies humaines, car durant les deux dernières semaines, la campagne de bombardements a coûté la vie à au moins 377 personnes selon la Direction de la Santé. Cette dernière enregistre seulement les victimes confirmées sur les sites des hôpitaux. Le bilan de 377 décès est donc en deçà des chiffres réels puisqu'on sait que la plupart des blessés sont traités chez eux ou ailleurs, et ne sont donc pas enregistrés...
Les huit hôpitaux d'Alep débordés
« La situation est insupportable », déclare Carlos Fransisco, chef de mission MSF en Syrie. « Le peu de médecins qui restent sont quotidiennement confrontés à la mort. Il y a quelques jours, le manager et la famille – dont plusieurs enfants - d’un des centres de santé que nous soutenons ont été tués par une bombe baril », ajoute-t-il. Les huit hôpitaux dans l’est d’Alep sont actuellement débordés par le nombre de patients souffrant de blessures de guerre. « Des blessés meurent à même le sol des infrastructures », raconte Carlos Fransisco.
Et pour les aider les solutions manquent. En effet, si 250 000 personnes résideraient encore dans Alep-Est, seuls sept professionnels capables de pratiquer de la chirurgie sur des blessés de guerre sont encore présents. « Il y a beaucoup de personnes blessées par les bombes qui tombent sur des zones occupées – des rues bondées, les files constituées pour se procurer du pain ou obtenir de l’aide lors de distributions », relate de son côté le Dr Abu Waseem, manager de l’hôpital chirurgical soutenu par MSF.
Même le carburant manque
Enfin, totalement isolées par le siège, les populations de l’est d’Alep souffrent également d’un manque de tous les biens de première nécessité. Et le carburant vient à manquer. Cela a un impact supplémentaire sur les conditions de travail des hôpitaux et des ambulances. « Les gouvernements syrien et russe ont franchi une nouvelle étape dans cette bataille», estime Pablo Marco, manager des opérations MSF au Moyen-Orient. « Des centaines de civils sont massacrés ; leurs vies sont devenues un enfer », conclut-il.
MSF soutient huit hôpitaux dans la ville d’Alep. Elle gère six structures médicales au nord de la Syrie et soutient plus de 150 centres de santé à travers le pays, pour la plupart d’entre eux dans des zones assiégées.