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Association Premiers de cordée

Sport à l’hôpital : quand les enfants oublient leur maladie

REPORTAGE – Dans la cour de l’hôpital Robert-Debré, de jeunes patients jouent avec le gardien de but Thierry Omeyer. Avec cette initiation au handball, l’association Premiers de cordée fait du sport un outil presque thérapeutique. Pendant deux heures, les enfants oublient qu’ils sont malades.

Sport à l’hôpital : quand les enfants oublient leur maladie AV/Pourquoidocteur/TDR




Dribles, tirs au but, exercices d’adresse… Une trentaine d’enfants s’est rassemblée sur un terrain de handball en ce lundi ensoleillé. A leurs côtés, le champion du monde de handball Thierry Omeyer et une éducatrice de la fédération française de handball. Tous deux sont présents pour former les jeunes à la pratique de ce sport collectif. Une scène courante mais un détail détonne : elle se déroule entre les murs de l’hôpital Robert-Debré (Paris), et tous les enfants sont hospitalisés pour diverses pathologies. « Je prends un peu de mon temps pour permettre aux enfants de pratiquer le handball, confie le gardien de but. Ça les change du quotidien. » Mais surtout, cela peut s’avérer bénéfique pour leur santé à long terme. Car les recommandations sont claires : un enfant de plus de 6 ans est censé faire une heure d'activité physique par jour au minimum. Maintenir cette habitude à l’hôpital est bénéfique à la foi pour la santé des jeunes patients et pour leur moral.

Une adaptation permanente

Se changer les idées par le sport, c’est justement l’objectif de l’association Premiers de cordée, qui organise cet événement. Thierry Omeyer en est le parrain depuis sa fondation, en 1999. Ses éducateurs et ses bénévoles ont pour but de faire entrer le sport dans les services de pédiatrie, ne serait-ce que quelques heures. « A l’Institut Curie, on fait ça dans les couloirs, à la Pitié-Salpêtrière dans la cour. On adapte le matériel et la mise en place au service dans lequel on intervient », résume Sébastien Ruffin, délégué général de l’association. Les sports, eux, peuvent être de toute nature.

L’important, c’est de se dépenser. Un réflexe que n’ont pas tous les établissements hospitaliers. « On forme une prise multiple entre les milieux sportif et médical, qui ne se parlent pas forcément », estime Sébastien Ruffin. Objectif : éviter que les jeunes malades restent dans leur service et ne se dépensent pas.

Ecoutez...
Sébastien Ruffin, Premiers de cordée : « Ce n’est pas facile de se confronter à des enfants dans des situations assez gravissimes. Et pourtant ce sont les premiers à oublier leur maladie. »


La seule limite à la pratique du sport, ce sont les capacités des enfants. « Il faut l’autorisation du médecin ou de l’infirmière pour descendre. Ensuite, on adapte l’exercice à toutes les pathologies », explique Bénédicte, éducatrice à la maison des enfants. Que ce soit pour la tonicité musculaire et le développement osseux, l’exercice a un intérêt réel. Une étude a même montré, chez des enfants à risque génétique de trouble osseux, que l’activité restait bénéfique. Bénédicte en est consciente mais reste attentive. Elle est présente dans la cour extérieure, avec plusieurs collègues, pour superviser la séance. Entre deux questions, elle s’éclipse pour vérifier un appareil qui sonne.

 


AV/Pourquoidocteur/TDR

Une sortie très attendue

Le soleil tape fort sur la cour en cet après-midi d’octobre. Malgré les 18 °C affichés au thermomètre, la chaleur se fait ressentir. Mais les enfants n’en ont cure. Au début de la session, ils sont une quinzaine. En deux heures, leur nombre a doublé. Trois d’entre eux sont sous perfusion, deux fillettes portent un masque de chirurgien. Et pourtant, en dehors de ces signes extérieurs, aucun d’eux n’a l’air de se sentir malade.

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Bénédicte, éducatrice à la maison des enfants : « Ils sont souvent très surpris de voir que, malgré leur perfusion ou leur fauteuil, ils peuvent continuer à faire du sport. »


Ce lundi 3 octobre, pour l’ouverture de la semaine du sport à l’hôpital, Thierry Omeyer a fait le déplacement. La « cerise sur le gâteau », selon Sébastien Ruffin. Il n’est pas le seul à s’en réjouir. Emma, 15 ans, est sortie de sa chambre dès qu’elle a appris sa présence. La jeune fille reste d’abord sur le bord du terrain, à l’ombre et près des chaises. Progressivement, elle s’invite dans la masse. L’air timide mais ravi, elle prend quelques photos en compagnie du champion, et demande un autographe.

Elle n’a pas non plus oublié le but principal de cette séance : le sport. « Je n’étais pas encore sortie, souffle la jeune fille, admise pour un traumatisme à l’oreille interne. Mon traitement m’a empêchée de me lever. » Le ballon à la main, elle semble pourtant oublier sa perfusion, et elle s’exerce aux tirs au but. Est-elle satisfaite ? Clairement. « C’était bien, sourit-elle. En plus, on ne peut pas trop bouger dans le service. » De quoi l’encourager à reproduire l’expérience.

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Emma et Thierry Omeyer : « C’est un grand champion. Faire du handball avec lui c’est super… »

 

Ceux qui ne sont pas reliés à un dispositif médical ou une perfusion profitent d’une séance complète. L’éducatrice sportive donne les instructions aux jeunes patients, leur détaille les règles du handball, en s’attardant sur la reprise de drible. Puis elle leur propose différents ateliers : jeux d’adresse, tir au but, slalom… Certains maîtrisent clairement le geste, d’autres ont plus de mal à dominer la balle. « C’est dur… » se plaint une jeune fille. Son voisin semble bien plus à l’aise avec l’exercice : il s’amuse à faire tourner le ballon au bout de son doigt. Sur un banc, une fillette regarde ses congénères jouer. Le handball, ça ne l’intéresse pas. Elle est venue profiter du soleil.


AV/Pourquoidocteur/TDR

2 000 enfants par an

Sur le terrain, le jeu s’interrompt par intervalles. Une machine sonne, un masque se dénoue. Régulièrement, des enfants quittent la cour. Bouchra doit ainsi s’absenter pendant la moitié de la séance. Âgée d’une dizaine d’années, elle est hospitalisée pour acidémie propionique et évite de faire du sport. « Je me fatigue facilement, donc je ne dois pas faire d’exercice intense », explique-t-elle. Un équipement électronique surveille ses constantes en permanence. Ce qui ne l’empêche de s’exercer, elle aussi, aux tirs au but. D’une main, elle envoie des ballons au fond des cages et charrie ceux qui les ratent. Ses camarades, gentiment, lui ramassent les ballons qu’elle fait tomber au loin.

Ecoutez...
Bouchra : « J’aime bien le handball et ça fait oublier qu’on est à l’hôpital. »


Pour Bouchra comme pour les autres, l’opération est un succès. A la fin de la séance, les sourires sont larges et les fronts luisent. « Pendant deux heures, on ne parle pas de la maladie, souligne Efkan Mentise, bénévole à Premiers de cordée. Je pense que ça leur fait du bien. » Il n’y a qu’à voir les mines réjouies pour s’en convaincre. « La pratique du sport produit des endorphines, ce qui procure une sensation de bien-être », rappelle Sébastien Ruffin. Même malades, les enfants profitent donc de cet exercice. Outre la sensation d’apaisement, ils retrouvent aussi un rapport sain à leur propre corps.

L’événement s’achève par un face-à-face entre Thierry Omeyer aux tirs au but. Les enfants s’en donnent à cœur joie face au gardien de but. « Je vais devoir travailler entre les jambes », plaisante-t-il. Pour Emma, il faudrait que ces opérations se répètent plus souvent. Car l’association se déplace une fois par mois dans le service. Grâce à elle, 2 000 à 3 000 enfants sont initiés au sport chaque année. L’hôpital Robert-Debré fait figure d’exception : rares sont les établissements qui accueillent des équipes sportives. « Ce serait intéressant, surtout pour les enfants qui ont besoin de se dépenser, estime la jeune fille. Ce serait mieux qu’ils puissent bouger. »Il y a, en effet, de la place pour une amélioration même si certains hôpitaux, dont Robert-Debré ont pris de l’avance.

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