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La vérité sur la consultation

J'ai poussé la porte d'un sexologue

Par Rica Etienne

Si le sexologue a pour mission de répondre à une souffrance, il est souvent interrogé sur la "normalité" des rapports. 

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« La sexualité dans une vie, c’est la cerise sur le gâteau, explique la psychologue et sexologue Catherine Adler-Tal. On peut très bien vivre sans sexe, longtemps et heureux. Ce n’est pas un besoin vital comme manger, boire, dormir ou respirer. Nous les sexologues, nous n’intervenons qu’en cas de souffrance sexuelle ». Voilà, tout est dit ou presque…
Car la sexologue précise aussitôt que la sexualité dans un couple ne se résume pas à la pénétration. Tout un bain d’attentions, de baisers, de petits gestes tendres, d’effleurement ou de caresses, peut envelopper l’autre et suffire à maintenir durablement le couple.

 

Pousser la porte d’un sexologue 

Certaines femmes viennent parce qu’elles n’ont jamais connu l’orgasme ou parce que la pénétration est douloureuse. Elles n’ont pas de désir, pas de plaisir, pas de fantasmes…Tout a changé dans leur sexualité depuis l’accouchement ou la ménopause.

Quant aux hommes, certains s’enflamment trop vite au lit et se plaignent d’éjaculation prématurée. Ou alors, c’est leur érection qui est défaillante. « Mais tout est subjectif, relativise encore Catherine Adler-Tal. Imaginez un patient qui vient consulter pour une éjaculation trop rapide. Mais rapide par rapport à qui ? Si sa partenaire ne se plaint pas et qu’elle est contente, il n’y a pas de problème ! En fait, beaucoup de patients ont besoin de vérifier leur « normalité ». Si l’un d’eux me dit « je n’ai pas de désir » et que cela ne lui pose pas de problème, alors tout est normal. Le patient a juste besoin de l’entendre de la bouche du spécialiste ».

 

Le porno a-t-il changé la « norme sexuelle » ?

Oui, certains déplorent désormais une sexualité qu’ils estiment trop pauvre. Ils n’ont pas d’orgasme à tous les coups. Ils pensent que leur sexe est trop petit, trop grand, dissymétrique, taché… Là encore, ils ont besoin de vérifier leur « normalité ». 

Ce qui a changé au fil des ans, c’est que les comportements des deux sexes se sont rapprochés, ajoute la gynécologue et sexologue Marie Veluire . « Les femmes se comportent de plus en plus comme les hommes. Elles consomment du sexe et s’inquiètent de leur panne ou de leurs performances. Quant aux hommes, ils s’autorisent davantage à avouer qu’ils n’ont plus de désir ».

 

 Sexologue, sexothérapeutes, médecine sexuelle…

N’importe qui peut poser sa plaque de « sexologue » après une formation plus ou moins longue. Comment savoir à qui on a vraiment affaire ? Les deux tiers des thérapeutes sont médecins (généralistes, gynécologues, psychiatres, endocrinologues, urologues…) avec une formation supplémentaire de sexologie de trois ans (DIU : Diplôme Inter Universitaire). Ils se définissent souvent comme « médecins sexologues » .

Les autres sont psychologues, thérapeutes, kinésithérapeutes, conseillers conjugaux, hypnothérapeutes . Ils ont suivi une formation en sexologie supplémentaire (DIU) et se définissent habituellement comme « sexologues cliniciens » ou « sexothérapeutes ».

Selon la formation de départ du thérapeute, l’entretien sera plus ou moins médical ou « mécaniciste » ou alors plus ou moins psy, privilégiant les problèmes psychologiques, relationnels ou conjugaux.

 

Faut-il se mettre nu ?

« De tous les thérapeutes, seuls les médecins sont autorisés à vous examiner, à prescrire des examens complémentaires et des médicaments », prévient le Syndicat national des médecins sexologues. Un examen génital peut éventuellement être pratiqué par le médecin, il n’est pas systématique.

Chez tous les autres thérapeutes, pas d’exploration intime, mais de l’écoute, des conseils au patient ou au couple venu consulter à deux, des indications pour des exercices à pratiquer chez soi, sur soi ou sur son partenaire : caresses, respiration, entraînement du périnée, changement de positions amoureuses… 

 

 

En pratique

Pour avoir un gage de sérieux, mieux vaut consulter l’annuaire de sociétés savantes qui répertorient les thérapeutes avec une formation valable. Syndicat national des médecins sexologues ( http://snms.org ) et AIUS (Association interdisciplinaire post universitaire de sexologie (www.aius.fr ).

Une thérapie courte dure quelques séances pour un problème simple ( méconnaissance de son corps , de son fonctionnement ou de celui de l’autre…). Quelques mois pour un problème plus sérieux ( douleurs chroniques…).