Techniquement parlant, le vaginisme est un « spasme involontaire du tiers externe du muscle du vagin qui empêche la pénétration et entraîne une souffrance ». Dans la vie intime, c’est une maladie honteuse et qui affecte et fait souffrir 3 à 25 % de la population des femmes. Une large fourchette qui varie selon les pays et la définition adoptée (prenant en compte ou pas les pénétrations douloureuses).
Lorsque la pénétration vaginale n'a jamais été possible, on parle de vaginisme primaire . Lorsque des pénétrations ont eu lieu et que la douleur a fini par entraîner une contraction des muscles du périnée telle que la pénétration est devenue impossible, on parle cette fois de vaginisme secondaire.
D’où ça vient ?
Est-ce une pathologie purement psychologique ? Est-ce au contraire un problème totalement anatomique ? Une malformation qui empêcherait toute pénétration ? Même si l’anatomie est rarement mise en cause au départ, il faut quand même s’en assurer, indique le Dr Marie Veluire[1], gynécologue et sexologue : « Le vaginisme primaire est le plus souvent un verrouillage physique ( dû à la contraction musculaire) qui s’accompagne d’un verrouillage psychique. La spirale infernale démarre parfois avec des fantasmes effrayants, la femme imagine un sexe démesuré qui va la pénétrer et la déchirer. Or le vagin est plissé à l’intérieur. Lors de la pénétration, il peut s’agrandir, se déplier, et s’adapter à la taille du pénis du partenaire ».
Par ailleurs, lors de la tentative d’intromission, la femme opère un basculement inconscient du bassin vers le bas, la cambrure du dos augmente, remarque Laure Mourichon, kinésithérapeute et périnéologue : « du coup, l’axe de pénétration est modifié, et ça frotte douloureusement au niveau de la fourchette vulvaire ».
Un sentiment de honte
La femme et son compagnon s’accommodent de caresses, de sexe oral ou même de …pénétration anale. Existe-t-il un profil récurrent de patientes qui consultent ? « Les possibilités sont nombreuses, observe le Dr Marie Veluire. Mais nous voyons souvent des femmes qui sont jeunes et qui ont peur de perdre leur compagnon ou qui veulent un enfant. Ou encore des femmes qui approchent des 35-38 ans et qui veulent tomber enceinte avant qu’il ne soit trop tard. Là seulement, elles se résolvent à venir ».
Quand on se sent honteuse et anormale, il faut être rassurée, c'est la première étape du traitement. On n'est pas seule à souffrir de cela, d’autres femmes souffrent du même problème. Il faut aussi démythifier la maladie et se débarrasser de toutes les idées fausses qui traînent autour. Enfin, il faut bien avoir conscience qu'il existe des solutions. Des sites très utiles comme Les clés de Vénus (http://www.lesclesdevenus.org/) en témoignent.
Rééduquer le périnée
Des séances chez un kinésithérapeute périnéologue permettront d’apprendre à relâcher son périnée à l’aide d’exercices respiratoires et de bien placer le bassin d’avant en arrière, ce qui limitera les frottements. « La fluidité du rapport sera améliorée. Les sensations de brûlures urinaires le lendemain seront évitées, résume Laure Mourichon. Des exercices de massage du périnée pourront être pratiqués à la maison. L’entraînement sera facilité par l’application de dilatateurs vaginaux en commençant par la taille la plus modeste.
Bonne nouvelle ! Tous les obstacles sont levés -ou presque- dans 80% des cas au bout de 3 à 6 mois ( situations les plus faciles). Compter un an pour les situations plus complexes. La rééducation périnéale est prise en charge sur prescription médicale.20 à 40 séances sont nécessaires.
Certains médecins sexologues injectent de la toxine botulique pour traiter le vaginisme. Le principe de la toxine est d’entraîner un relâchement musculaire. Fausse bonne idée ! rétorquent les spécialistes : primo, il n’y a aucune étude satisfaisante pour cette indication. Secundo, on va certes relâcher le périnée, mais pas l’inconscient de la patiente. On masquera son histoire sans l’aider à comprendre « ce qui ne passe pas ». Idem pour les interventions chirurgicales sans accompagnement sexologique.
[1] Congrès de gynécologie, andrologie, oncologie et psychosomatique (GAOP), 21 septembre 2016, Paris