La maladie de Lyme est une maladie infectieuse qui fait aujourd’hui largement parler d’elle, opposant ceux qui dénoncent le sous-diagnostic et la négligence de la maladie à ceux qui s’inquiètent a contrario d’un potentiel sur-diagnostic. Une situation qui s’explique notamment par la complexité du tableau clinique de la maladie, et la non spécificité de certains symptômes (maux de crâne, douleurs articulaires…).
En marge de ces désaccords de fond sur la maladie, d’autres faits défient la chronique. Vendredi 7 octobre 2016, s’est ouvert le procès en appel de deux personnalités étroitement liées à la maladie de Lyme : Viviane Schaller et Bernard Christophe. La première est docteur en pharmacie et ancienne gérante d’un laboratoire d’analyses biologiques à Strasbourg, le second est pharmacien. Pour l’heure, la cour d’appel de Colmar « a requis la confirmation de la peine infligée en première instance », indique France 3 Alsace avec l’AFP. Les accusés encourent donc toujours 9 mois de prison avec sursis. La Cour rendra son arrêt le 14 décembre.
Un procès emblématique
Viviane Schaller, âgée de 68 ans, réalisait des tests diagnostiques de la maladie de Lyme au sein de son laboratoire en passant outre les protocoles établis. Elle avait alors été condamnée à rembourser la somme de 280 000 euros à la Caisse primaire d’assurance maladie pour « escroquerie » et neuf mois de prison avec sursis.
Le pharmacien de 67 ans devait quant à lui verser la somme de 10 000 euros de dommages et intérêts à l’ordre des pharmaciens, pour la fabrication et la commercialisation sans l’aval des autorités sanitaires du Tic Tox, un traitement alternatif à base d’huiles essentielles contre la maladie de Lyme, qui ne disposait pas d’autorisation de mise sur le marché. Le verdict avait été rendu en novembre 2014. Viviane Schaller et Bernard Christophe avaient alors fait appel de cette décision.
Soutien des patients
Le procès de Viviane Schaller et Bernard Christophe, qui sonne comme un symbole de la lutte pour la reconnaissance de la maladie, est suivi par des patients et des associations de patients qui soutiennent activement les deux protagonistes. Certains sont venus témoigner dans le cadre du procès en appel.
Rappelons que la chronicité de la maladie n’est pas reconnue en France et que les traitements préconisés – des cures d’antibiotiques dont la durée est encadrée – ne sont pas en mesure de soigner l’ensemble des patients, dénoncent une partie de ces derniers. Le Tic Tox semblait apporter une réponse aux maux de nombre d’entre eux. D’autres professionnels de santé dénoncent des actions qui relèvent pour eux du charlatanisme. De son côté, Viviane Schaller - qui se considère comme une lanceuse d’alerte - a été contrainte de fermer son laboratoire d’analyses à Strasbourg.
Retrouvez Le Supplément 30/09/16 consacré à la maladie de Lyme
Un plan d’action attendu
En marge du procès, l’actualité autour de la maladie de Lyme bat son plein. En effet, un plan d’action vient d’être annoncé par la ministre de la santé.
En résumé, ce plan national renforce l’information de la population et des professionnels de santé pour prévenir l’apparition de nouveaux cas (installation par l’Office national des forêts et Santé publique France de panneaux d’information pour les promeneurs et les randonneurs à l’entrée des forêts…). Il se veut également améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades pour mettre fin à l’errance médicale dont beaucoup souffraient, notamment grâce à la mise à disposition aux médecins d’un bilan standardisé décrivant la liste des examens permettant un diagnostic complet devrait y remédier. Enfin, il prévoit de mobiliser la recherche pour améliorer les connaissances sur le sujet.
Retrouvez L'Invité Santé du 12/05/16 avec le Pr Christian Perronne