Le pôle santé publique du tribunal de grande instance (TGI) de Paris est chargé d'examiner la plainte déposée par Marion Larat, 25 ans. Cette jeune femme, handicapée à 65%, accuse la pilule de 3e génération d'avoir causé l'AVC à l'origine de son handicap. Cette première plainte vise le laboratoire Bayer et le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine" et pour non respect du principe de précaution. Les avocats de la jeune femme ont annoncé ce week-end que les plaintes de 30 autres femmes, s'estimant également victimes de pilules contraceptives de 3e et 4e générations, seraient déposées début janvier.
Ces démarches judiciaires mettent au jour des lacunes graves dans la manière dont les pilules contraceptives de 3e et 4e génération ont été prescrites. L'Agence du médicament a lancé plusieurs alertes dans le passé sur les risques thrombo-emboliques liés à ces pilules.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé à la mi-septembre la fin du remboursement par la Sécurité sociale de ces pilules, qui ne prendra cependant effet qu'à compter du 30 septembre 2013. Mais pourquoi y a-t-il plusieurs générations de pilules ?
Comment agit une pilule contraceptive ? La pilule, plébiscitée en France, est un moyen de contraception dit hormonal. La pilule contient en effet des hormones qui, grâce à leurs actions sur l’organisme, empêchent la femme de tomber enceinte. Ces actions, que l’on nomme « verrous contraceptifs », sont multiples. Il y a par exemple un effet sur l’inhibition de la croissance folliculaire, le mécanisme qui permet en temps normal d'ovuler. Ou encore, la pilule engendre une atrophie de l’endomètre, qui tapisse l’utérus. Il est habituellement destiné à accueillir l’embryon et s’il n’est pas assez épais, l’implantation ne se fait pas. Selon les différents types de pilules, les verrous contraceptifs sont plus ou moins actionnés.
À quoi correspondent les différentes générations de pilules ? Il existe deux types de pilules : estroprogestative et progestative. Les pilules estroprogestatives sont composées de deux hormones : un estrogène et un progestatif, tandis que les pilules progestatives contiennent uniquement un progestatif. L’estrogène contenu dans les pilules estroprogestatives (dites aussi combinées) est toujours le même, l’éthinyl-estradiol (EE), dont le dosage varie selon les pilules. Le progestatif peut quant à lui être différent.
C’est ici qu’interviennent les différentes générations de pilules : selon le progestatif utilisé, on parle de 1e, 2e, 3e ou 4e génération. Ces différentes générations de pilules comportent aussi des dosages différents en EE, les premières générations étant plus fortement dosées en EE. Les générations plus récentes sont ainsi qualifiées de mini-dosées. Les pilules progestatives, pour leur part, sont également classées selon la génération du progestatif utilisé. Ces pilules sont également appelées micropilules.
Pourquoi continuer à prescrire les anciennes ? Les pilules de première génération ne sont pas obsolètes. D’une génération de pilule à l’autre, on a fait varier les taux d’EE et on a utilisé des progestatifs différents dans l’objectif de diminuer les effets indésirables de la pilule (cholestérol, la pression artérielle, prise de poids, augmentation de la pilosité, survenue d’acné…). Les nouvelles générations sont généralement mieux tolérées et réduisent le risque cardio-vasculaire mais parallèlement à cela, il a été constaté que le risque tromboembolique (apparition de caillots qui empêche la bonne circulation du sang) était augmenté. Ainsi, les pilules sont à adapter en fonction des caractéristiques de la patiente et de ses antécédents. Par exemple, pour les nouvelles utilisatrices, la Haute autorité de santé recommande de ne prescrire les pilules de 3e génération qu’en « deuxième intention après les contraceptifs oraux de 1e et 2e génération en raison d’un risque thromboembolique veineux plus élevé ». Ou encore, les pilules contenant uniquement un progestatif sont généralement prescrites lorsqu’il existe des contre-indications aux œstrogènes, ou en cas de tabagisme par exemple.
Première publication: 31 décembre 2012