« L’ouverture de la première salle de consommation à moindre risque en France représente une avancée majeure pour la santé publique dans notre pays, une réponse innovante et courageuse à une situation d’urgence sanitaire. C’est aussi un choix politique fort : une politique responsable et pragmatique, qui accompagne au lieu de stigmatiser, qui choisit d’inclure plutôt que d’exclure des personnes exposées aux risques et éloignées de notre système de santé », c'est le plaidoyer vibrant de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lors de visite inaugurale de la première salle de shoot française.
Celle-ci ouvrira ses portes le 14 octobre prochain sur le site parisien de l'Hôpital Lariboisière (10ème) dans le cadre d’une expérimentation prévue pour 6 ans. Rendu possible par la loi de Santé, ce dispositif s’inscrit dans la continuité d’une politique nouvelle de réduction des risques qui a su promouvoir de nouveaux dispositifs (TROD, autotests du VIH, etc.). Et pour la ministre, il y avait urgence à agir dans ce domaine.
10 % de VIH et 40 % de VHC
Dans un communiqué publié ce mardi, Marisol Touraine a rappelé que « la situation sanitaire des usagers de drogues reste très préoccupante en France ». En 2011, plus de 10 % d’entre eux étaient infectés par le VIH et plus de 40 % par le VHC. « La salle de consommation à moindre risque est un moyen de prévention efficace pour éviter les infections, les surdoses mortelles, les abcès ou encore les complications veineuses », a-t-elle martelé. L'exemple le plus souvent cité reste la Suisse.
Mais les Helvètes ne sont pas les seuls à promouvoir ce dispositif, la France est en effet le dixième pays à ouvrir une salle de consommation à moindre risque. A Paris, l’Espace Gaïa, géré par l’association Gaïa-Paris, sera composé d'une équipe pluridisciplinaire médico-sociale, totalisant une vingtaine de personnes (infirmiers, éducateurs, médecins, assistants sociaux et agents de sécurité). L'ensemble aura pour mission d’accueillir, d’accompagner, de conseiller et d’orienter les usagers de drogue. Chaque jour, une centaine d’usagers devraient fréquenter ce lieu ouvert 7 jours sur 7, de 13h30 à 20h30.
Recréer du lien social
Enfin, au-delà des aspects sanitaires, le dispositif est connu pour améliorer l’accès des personnes aux droits et aux services sociaux, en recréant un lien social qui favorise leur réinsertion. La salle de consommation à moindre risque doit permettre également de réduire les nuisances et d’améliorer la sécurité en réduisant les consommations de drogues et la présence de seringues dans l’espace public.
Au terme de l’expérimentation, une évaluation sera menée en vue de leur pérennisation. Dans l'attente, « la deuxième salle d ouvrira prochainement ses portes à Strasbourg », a annoncé la ministère de la Santé.