Le virus Ebola a marqué les esprits et l’année 2015. En un peu plus d’un an et demi, l’épidémie d’Afrique de l’Ouest a fait 11 300 morts, et suscité une panique internationale. Et pourtant, les maladies transmissibles ne sont plus la principale cause de maladie. C’est ce que révèle le dernier bilan du Global Burden of Disease publié dans le Lancet. La prestigieuse revue scientifique publie une série d’études sur le poids mondial de la maladie.
L’espérance de vie progresse, y lit-on. Celle des hommes est de 69 ans, 75 ans pour les femmes. Le recul des maladies infectieuses est à saluer. Au cours de la dernière décennie, VIH, paludisme et diarrhées ont moins tué. C’est aussi le cas des maladies cardiovasculaires et des cancers, dans une moindre mesure.
La lutte fructueuse contre l’AVC
Désormais, 70 % des décès dans le monde sont liés à des maladies non-transmissibles. En tête figurent celle liées au mode de vie : AVC, diabète, maladies rénales, ou encore démences.
De fait, l’hygiène de vie est clairement à l’origine de la santé dégradée de la planète. Depuis les années 1990, le surpoids a bondi tout comme l’exposition à des aliments de mauvaise qualité. En conséquence, les facteurs de risque de maladie chronique explosent eux-aussi. Hypertension artérielle, hyperglycémie, surpoids sont devenus courant, particulièrement dans les pays développés.
Il n’y a qu’à observer l’exemple de l’Europe pour se convaincre du changement de la situation. En Ecosse et en Norvège, les décès liés à la drogue dépassent les niveaux attendus. En revanche, les AVC se font moins nombreux et moins mortels en Europe de l’Ouest, y compris en France. Une évolution probablement due à l’accent mis sur la prévention. Arrêt du tabac, contrôle de la pression artérielle et unités spécialisées ont participé.
Plus de temps malade
En Europe de l’Est, en revanche, le bilan est particulièrement mauvais. Comportements autodestructeurs, cirrhoses et troubles liés aux substances psychoactives y explosent. En Russie, par exemple, la mortalité liée à l’alcool dépasse de 10 fois les niveaux attendus. Le pays a par contre amélioré la survie maternelle.
Si les maladies sont moins mortelles, cela ne signifie pas pour autant que la population est en meilleure santé. Le temps passé avec une pathologie s’est considérablement allongé. Lombalgie, cervicalgie, troubles sensitifs ou dépressif et anémie mènent la danse. A l’ère où la planète vit de plus en plus vieille, la nouvelle a de quoi inquiéter : le surcoût pour les systèmes de santé, en matière de prise en charge et de traitement, risque de devenir très lourd.