Alors que la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle se déroulera les 20 et 27 novembre prochains, l’heure du premier des trois débats télévisuels approche à grands pas. D’une durée fleuve de 2h30, il aura lieu le 13 octobre sur TF1, RTL, Public Sénat et LCI. Il verra s’affronter les sept compétiteurs en lice sur les thèmes du chômage et de la sécurité. Et quid de la santé ?
Dans un récent sondage, 69 % des Français font de ce thème un élément majeur de la campagne. Et presque la même proportion des interrogés considère que les positions des candidats sur la politique de santé seront déterminantes dans leur choix.
Pour répondre aux attentes des futurs électeurs, la rédaction de Pourquoidocteur a interrogé tous les candidats en leur posant les mêmes questions. Ce mercredi, la série se termine avec l'ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy. Celui qui prétend qu'il donnera "Tout pour la France" a-t-il la même ambition pour le système de santé français ? Crise des PH à l'hôpital, place dans complémentaires, déserts médicaux, le candidat à un second mandat présidentiel fixe ses grandes lignes.
La collectivité ne pourra plus prendre en charge le coût des médicaments innovants. Doit-on consacrer un budget spécifique à la prise en charge de ces thérapies, et comment le financer ?
Nicolas Sarkozy : J’ai toujours été convaincu de la nécessité pour la France de rester une terre d’innovation et de recherche. Notre pays compte parmi les plus grandes nations, notamment en matière de recherche médicale et d’innovation thérapeutique. Je souhaite qu’il en reste ainsi. Pourtant, le gouvernement n’a pas pris la mesure des enjeux. Le plan maladies dégénératives actuel n’a ni cohérence ni ligne directrice. L’ambition européenne a été abandonnée. Je suis ainsi convaincu qu’il faut de toute urgence relancer des plans Alzheimer et cancer, digne de ce nom. La France qui était à la tête du combat contre la maladie d’Alzheimer est retombée dans l’anonymat le plus complet. Il faut renouer avec le volontarisme. J’ajouterai un plan « Autisme » qui sera lancé dès 2017. L’autisme est un drame. Nous devons aider ces familles dont le quotidien est bouleversé par la gravité de la pathologie dont souffrent leurs enfants.
Dans le cadre de ces grands plans, la prise en charge de ces thérapies ne saurait être laissée de côté. Dans ce projet, les industries de santé représentent un enjeu stratégique pour la France. C’est également par elles que passera la relance d’ambitieuses politiques d’innovations médicales. Le quinquennat à venir sera ainsi l’occasion de la mise en œuvre d’une politique industrielle de santé où l’excellence française constituera à nouveau un objectif prioritaire, tant au niveau de la recherche, que du développement et des essais cliniques. C’est pourquoi, je souhaite la mise en place d’un dispositif de suivi et d’évaluation « en vie réelle » des nouveaux médicaments pour que nous puissions mieux en apprécier l’efficacité et stimuler davantage la recherche médicale.
Pris en charge
Je veux promouvoir la prévention par la responsabilité individuelle. |
Les complémentaires Santé s’engagent dans un modèle d’assurance à la carte. Faut-il encourager financièrement les assurés qui ont une bonne hygiène de vie (alimentation, activité physique, etc.) et/ou pénaliser ceux qui prennent des risques (alcool, tabac, etc.) ?
Nicolas Sarkozy : La prévention constituera dans les années à venir un objectif prioritaire. Je veux promouvoir la prévention par la responsabilité individuelle et à travers des priorités clairement définies. La prévention passera par un contrat individuel entre chaque assuré social, l’assurance maladie et sa mutuelle. La mise en place d’un parcours de prévention tout au long de la vie répond à cette ambition. Chacun doit être responsable de sa santé.
Hôpital
Je souhaite que les établissements de santé aient davantage d'autonomie (...) La contrepartie sera l'équilibre des comptes. |
L’hôpital doit à la fois concilier l’excellence médicale avec ses missions sociales. Compte tenu des contraintes budgétaires, la tarification à l’activité (T2A) vous paraît-elle adaptée à cette double exigence ?
Nicolas Sarkozy : Au fond, dans le contexte de contrainte budgétaire, votre question porte plus largement sur le modèle que nous voulons pour l’hôpital public. A l’image de ce qui a pu être fait pour les universités, je souhaite libérer l’hôpital public des contraintes, tutelles et lourdeurs administratives. A l’hôpital, la bureaucratie a pris une place trop importante.
Le cadre actuel limite les initiatives de terrain. Au contraire, je souhaite que les établissements de santé aient davantage d’autonomie pour gérer les effectifs, les rémunérations, la durée de travail et les coopérations inter-établissement. La contrepartie sera l’équilibre des comptes. Il s’agit également d’un enjeu d’accès aux soins et de qualité des soins délivrés.
Déserts médicaux
Je m'engage à revenir sur le tiers payant obligatoire. |
Un généraliste sur quatre ne sera pas remplacé d’ici 2025. Comment comptez-vous lutter contre les déserts médicaux ?
Nicolas Sarkozy : Je suis convaincu de l’urgence de redonner toute sa place à la médecine libérale de proximité. Le quinquennat de François Hollande aura été marqué par la volonté de « fonctionnariser » les médecins en leur imposant des nouvelles conditions d’exercice que je considère comme dangereuses. La loi de Marisol Touraine est, à bien des égards, l’expression de cette politique.
Au contraire, je crois en la nécessité de proposé une « loi médecine libérale 2020 » qui réponde aux grands enjeux actuels et à venir. Les patients et leur famille souhaitent avoir accès à des médecins au plus proche de chez eux. Cela passe par des réformes pour retrouver l’attractivité de cette filière pour répondre au besoin de proximité. Je m’engage ainsi à revenir sur le tiers-payant obligatoire, à promouvoir toutes actions de simplification administrative qui mobilisent inutilement du temps médical, à encourager l’exercice collectif et à revoir les niveaux et les modes de rémunération. Enfin, je souhaite que les formations en médecine incluent davantage de pratique en cabinet médical. Cela permettra de mieux sensibiliser les étudiants aux défis de la profession et de faire naître également des vocations.
Procréation médicalement assistée
Mettre en place les verrous juridiques pour interdire complètement la gestation pour autrui (GPA). |
Dans un manifeste, des médecins français ont reconnu avoir aidé des couples lesbiens et des femmes seules à recourir à la PMA à l’étranger. Peut-on continuer à la réserver aux couples hétérosexuels ?
Nicolas Sarkozy : La filiation est un sujet éminemment délicat parce qu’il touche à la complexité des relations humaines. Je ne souhaite pas engager un changement de législation. La procréation médicalement assistée doit continuer de remédier à l’infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué. Enfin, je considère indispensable de mettre en place les verrous juridiques nécessaires et indispensables pour interdire complètement la gestation pour autrui (GPA). Les textes doivent être clairs, afin d’éviter toute ambiguïté sur la filiation.