Une année pas comme les autres. En 2015-2016, la grippe n’a pas touché ses victimes habituelles. Peu virulente et tardive, l’épidémie s’est montrée plus sévère envers les jeunes de moins de 15 ans. En cause : une souche contre laquelle ils n’étaient pas protégés, soit par leur système immunitaire, soit par le vaccin. C’est le bilan que dresse Santé Publique France dans son dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH).
Avec 11 semaines de surveillance, la saison grippale s’est prolongée par rapport aux années précédentes. Le nombre de consultations, lui, est relativement stable : 2,3 millions de Français ont consulté pour des symptômes grippaux. Parmi eux, un nombre non négligeable étaient âgés de moins de 15 ans. Cette tranche d’âge représente 42 % des rendez-vous en ville. C’est largement plus que l’ensemble des épidémies depuis 2010.
Les jeunes peu protégés
Ce déséquilibre s’explique par la nature de la saison dernière. Un virus a circulé en majorité : le type B/Victoria. Il ne se retrouve que sur deux périodes, 2005-2006 et 2010-2011. « En conséquence, une large part des jeunes enfants n’avait pas ou peu rencontré ce virus et n’était donc pas protégée », expliquent les auteurs. De plus, le vaccin ne contenaient pas cette souche qui a circulé chez 70 % des malades. L’absence de protection était donc double. Ce qui explique sans doute le léger surnombre de cas graves. Sur la saison, 1 109 personnes ont été admises à l’hôpital pour cette raison.
Ces particularités permettent aussi de comprendre pourquoi les patients âgés étaient moins nombreux que d’habitude. Leur système immunitaire était habitué au virus de type B.
La vaccination efficace
Les personnes âgées ont été largement plus infectées par des souches A de la grippe, également plus virulentes. Mais la vaccination a permis de protéger les prudents. Bien qu’insuffisante – une personne sur deux s’est vaccinée – elle a permis de réduire les hospitalisations pour cas grave. Ainsi, les admissions étaient plus nombreuses pour le virus B/Victoria.
Par rapport à l’année précédente, les seniors sont donc moins nombreux à avoir développé des complications de la grippe. L’intérêt de la prévention se confirme. Car l’immense majorité des hospitalisés âgés présentait au moins un facteur de risque.
Mais ça n’est pas tout. « Les virus de type B et le virus A(H1N1)pdm09 n’ont pas une telle virulence chez les seniors », avancent les auteurs de cet article. Un élément qui explique sans doute le fait qu’aucune surmortalité n’a été observée.