La polémique autour de l’étiquetage nutritionnel ne désenfle pas. La député européenne Michèle Rivasi a remis à la ministre de la Santé une pétition signée par 235 000 personnes demandant l’abandon de l’étude en conditions réelles d'achat. Celle-ci est, en effet, jugée « illégitime » par les signataires, en raison des multiples conflits d’intérêts liant le comité de pilotage et l’industrie agro-alimentaire.
Cette pétition lancée par Eric Delannoy sur Change.org réclame l’instauration du code à 5 couleurs sur les emballages alimentaires, aussi appelé Nutri-score, qui se présente sous la forme de lettres et de couleurs allant du vert au rouge selon la qualité de l’aliment. « Pour nous consommateurs, il ne fait aucun doute que le système à 5 couleurs est le meilleur », écrit-il.
Pour appuyer ses dires, Mr Delannoy cite l’avis du Haut Conseil à la Santé publique en faveur de cet étiquetage nutritionnel. Il évoque également des études publiées en 2015 et concluant à la domination de ce code sur les autres systèmes, et montrant que les consommateurs optent pour une alimentation plus saine grâce à lui. « Le 5C / Nutriscore est validé scientifiquement, précis, neutre, transparent, intelligible instantanément, comme nous le souhaitons », juge-t-il.
Conflits d'intérêts
Or, les industriels lui préfèreraient le code couleur Sens, élaboré avec Carrefour, donnant aux consommateurs une fréquence de consommation à ne pas dépasser ( « souvent », « régulièrement en petite quantité »), ou le code nutri-repère permettant de visualiser les apports nutritionnels en pourcentage. Après d'âpres négociations, le ministère de la Santé a lancé fin septembre dans 60 supermarchés de France une expérimentation visant à départager les 4 codes différents est inutile. Au terme des 10 semaines de test, le ministère décidera quel étiquetage devra être apposé sur les emballages.
Mais Michèle Rivasi, et les 235 000 signataires, ne voient pas d’un bon œil cette expérimentation. « Cette étude comparée est illégitime puisque des études indépendantes ont déjà été réalisées et ont montré la supériorité du logo cinq couleurs […]. Cette nouvelle étude n'est donc qu'une vaste supercherie organisée par l'industrie agroalimentaire avec la complicité du Ministère de la santé et elle doit être abandonnée », a déclaré la député européenne Europe Ecologie- Les Verts.
Et ils ne sont pas les seuls à douter de l’impartialité scientifique de cette étude. La Société Française de Santé Publique s’est dit « profondément inquiète des menaces sur l'indépendance de la recherche et se prononce fermement contre toute tentative d'ingérence de quelque porteur d'intérêt que ce soit ». De fait, des pressions des industriels ont déjà été dénoncé au cours de la mise au point des différents systèmes. Le climat était tel que 3 membres du comité scientifique ont quitté l’aventure, et le PDG de l’Inserm, Yves Lévy, a peu de temps après suivi ses confrères.