Les généralistes veulent s’occuper du suivi des grossesses. L’immense majorité d’entre eux considère que cette tâche n’est pas réservée aux gynécologues et aux sages-femmes. Même si le respect des recommandations n’est pas optimal, ces professionnels de santé consacrent de l’énergie aux femmes enceintes. C’est ce que montre une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Pour cela, ses experts ont rassemblé plusieurs panels de médecins traitants dans trois régions (Pays de la Loire, de Poitou-Charentes et de Provence – Alpes – Côte d’Azur).
Un relais tardif
C’est le plus souvent en début de gestation que les généralistes entrent en contact avec leurs patientes. 87 % d’entre eux affirment réaliser une confirmation de grossesse au moins une fois par trimestre. Certains semblent se spécialiser dans ce domaine : 10 % le font sur une base hebdomadaire.
Après la première échographie, les futures mamans se font plus rares dans les cabinets. Seuls 30 % des médecins traitants assistent leur patiente dans la déclaration de grossesse. Ceux qui ont réalisé des stages dans le secteur, ou qui ont passé un diplôme universitaire en complément, sont un peu plus actifs. Mais à ce stade, les femmes se tournent davantage vers des spécialistes : gynécologue, gynécologue-obstétricien ou encore maïeuticienne.
Quand ils ont leur mot à dire, les généralistes attendent plus longtemps avant de référer leur patiente à un spécialiste. Dans 79 % des cas, ils passent le relais entre le 6ème et le 8ème mois de gestation. Il faut dire que dans la majorité des cas, les examens sont accomplis selon les recommandations, malgré quelques oublis ou excès.
La peur de la concurrence
Si le suivi est accepté volontiers, l’entretien prénatal précoce est bien moins souvent réalisé. A raison de 45 minutes par rendez-vous, « la réalisation d’un entretien sous ce format semble assez peu compatible avec la pratique quotidienne des généralistes », reconnaissent les auteurs. C’est sans doute ce qui motive la plupart des répondants à affirmer qu’ils en adapteraient la forme.
D’autres praticiens préfèrent éviter tout suivi. En effet, 40 % des généralistes estiment que leur formation est insuffisante pour y parvenir. La démographie influence fortement cette affirmation. Dans les régions où les gynécologues se font rares, les professionnels de santé sont moins nombreux à déléguer.
Le sentiment de concurrence entre probablement en ligne de compte. 15 à 20 % des généralistes ont l’impression que leurs compétences se disputent avec celles des sages-femmes et des gynécologues médicaux. Conséquence : ils préfèrent suivre la patiente aussi longtemps que possible, avant de se référer aux gynécologues-obstétriciens. 80 % des médecins traitants échangent régulièrement avec ces spécialistes.
L’hôpital, lui, est perçu de manière plus divisée. Si les généralistes estiment que les établissements captent leur patientèle, ils n’ont pas à se plaindre des échanges. Dans un cas sur deux, le compte rendu est systématiquement reçu au cabinet.