La dernière enquête de Génération Futures relance le bras de fer entre la France et Bruxelles sur les perturbateurs endocriniens. Lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé que le gouvernement souhaite fixer un seuil maximal pour tous les pesticides présents dans l’alimentation.
Les résultats de l’étude de l’association a en effet mis en évidence que la concentration de résidus de pesticides présents dans les échantillons de mueslis non biologiques analysés était 354 fois la dose maximale tolérée dans l’eau de boisson. Des résultats qui peuvent susciter des « inquiétudes » chez les consommateurs, a reconnu la ministre.
D’autant qu’aucune norme n’existe pour l’alimentation alors que l’eau est soumise à une réglementation stricte. Une inégalité de traitement qui a poussé Marisol Touraine, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal et le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll à saisir l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), « afin qu’elle propose des critères pour mettre en place une limite maximale globale pour tous les pesticides présents dans l’alimentation, comme ce qui est fait pour l’eau ».
Une définition "trop restrictive"
La ministre de la Santé a également réaffirmé l’opposition de la France à la Commission Européenne concernant la définition des perturbateurs endocriniens proposée en juin dernier. « Ce projet n’est pas satisfaisant car il propose une définition trop restrictive. J’ai reçu il y a quelques jours le Commissaire européen à la Santé (le Lituanien Vytenis Andriukaitis, ndlr), je lui ai indiqué que les travaux de l’ANSES nous permettaient d’être plus ambitieux et que nous souhaitions que la définition de Bruxelles aille plus loin », a-t-elle déclaré aux sénateurs.
Ce projet, fruit de 6 ans de travail, et livré avec près de 3 ans de retard, a en effet soulevé un tollé du côté du gouvernement français et des associations de défense de l’environnement. Ils critiquaient notamment la disparition du « principe de précaution ». Si la proposition de la Commission européenne est adoptée par les Etats membres, l’interdiction du bisphénol A dans les emballages alimentaires et les jouets pour enfant pourraient être remise en cause.