100 000 : voilà le nombre de vies qui pourraient être sauvées chaque année si les enfants étaient alimentés correctement. L’Unicef a livré le deuxième volet de son rapport sur la nutrition des jeunes enfants. Le bilan est loin d’être satisfaisant. Seul un enfant sur six mange selon ses besoins. La fréquence des repas est insuffisante, tout comme la variété des aliments qui sont proposés. L’information dispensée aux jeunes parents peut être largement améliorée.
Les erreurs alimentaires commencent dès le plus jeune âge. Un allaitement maternel devrait être proposé dans l’heure qui suit la naissance. Mais seuls 55 % des nouveau-nés en bénéficient. Ce sont donc 63 millions de bébés qui ne sont pas nourris dans les temps, dès leur premier jour d’existence. Dans les pays développés, ça n’est pas mieux : bon nombre de femmes n’allaitent pas et recourent à la place à du lait maternisé. Ses bénéfices sur la santé ne sont pas aussi bons.
50 % d’anémies avant l’école
A mesure que les enfants grandissent, le respect des recommandations ne s’améliore pas. A 11 mois, 2 bambins sur 10 n’ont pas encore consommé d’aliments solides. Pourtant, dès 6 mois, le lait maternel ne suffit plus à combler les besoins d’un organisme en pleine croissance. Cette lacune est lourde de conséquences, car elle induit des carences et peut provoquer un retard de croissance. Il touche environ un quart des enfants de moins de 5 ans.
« Ce sont les nourrissons et les jeunes enfants qui ont les besoins en nutriments les plus élevés au cours d’une vie », rappelle France Begin, conseillère principale pour la nutrition à l’Unicef.
Les repas ne sont tout simplement pas assez variés. Pour grandir correctement, un jeune corps a besoin de plusieurs sources alimentaires. Quatre groupes différents doivent être apportés chaque jour. Un conseil qui n’est que rarement respecté : un tiers des enfants ne les reçoivent pas. Les carences en vitamines et minéraux sont donc fréquentes. L’anémie en fer, par exemple, touche la moitié de la population des mineurs d’âge préscolaire.
Nourris trop rarement
Les protéines animales sont particulièrement difficile d’accès : poisson, viande, œufs et produits laitiers ne sont consommés que par la moitié des enfants. Leur coût élevé pose souvent problème. Un manque d’autant plus dommageable que ce sont les principales sources de zinc et de fer. « A un si jeune âge, la malnutrition entraîne des lésions mentales et physiques irréversibles », déplore France Begin.
Outre ces carences qualitatives, la quantité n’est pas non plus assurée. Quatre repas par jour sont recommandés, petit-déjeuner, collation, déjeuner, goûter et dîner. Cela jusqu’à 3 ans. Or, la moitié des enfants ne sont pas nourris à cette fréquence.
Les enfants qui reçoivent le nombre de repas recommandés dans le monde
(Source : Unicef, 2016)
L’Unicef interpelle à la fois les gouvernements et le secteur privé. Ils doivent investir davantage, et de manière plus ciblée, pour améliorer l’accès aux aliments nutritifs. Autrement dit, ils doivent être financièrement plus abordables. Mais l’agence réclame aussi le développement supplémentaire des centres de santé communautaires. Ceux-ci sont en effet au contact des populations. Ils peuvent donc dispenser de précieux conseils aux jeunes parents et s’assurer du bon accès à une eau potable. Il s’agit de la condition sine qua non pour réduire les diarrhées. Chaque année, elles tuent 760 000 enfants.