Boostés par l'annonce récente du plan national de lutte contre les maladies transmises par les tiques, les malades de Lyme sont galvanisés. 130 plaignants vont engager le mardi 18 octobre la responsabilité de deux laboratoires pharmaceutiques. Ils reprochent à ces derniers de commercialiser des tests qui n'ont pas permis de les diagnostiquer.
Dans un communiqué signé des avocats Me Catherine Faivre et Me Julien Fouray, ces personnes affirment que ces tests « en ignorant les malades et la maladie ont fait la preuve de leur totale inefficacité ». « Il est temps de mettre un terme à ce scandale sanitaire », scandent-ils. Et pour eux, les responsabilités ne s'arrêtent pas aux industriels, « les autorités sanitaires, l’Etat et la Ministre de la Santé à titre personnel devront également être placés face à leurs responsabilités », ajoutent-ils.
Une action regroupée
C'est dans le cadre de la cellule de défense et de recours LYMACTION, qui regroupe aujourd’hui un demi-millier de plaignants, que cette première vague d'assignations en indemnisation devant les tribunaux de grande instance (TGI) de Paris et de Nanterre va être lancée. « Des recours qui en annoncent d’autres », préviennent d'ores et déjà ces patients. Plus précisément, ce sont le laboratoire français BioMérieux et la société de biotechnologies italienne DiaSorin qui sont ici visés. Tous deux commercialisent le test incriminé nommé « Elisa ».
C'est le seul actuellement autorisé en France pour détecter la borréliose de Lyme, maladie transmise par la tique.
A l'Agence France Presse (AFP), les deux avocats ont précisé qu'ils allaient mener « une action regroupée » et non une « action de groupe », possible depuis la parution d'un décret le mois dernier, mais qui « nous est fermée, car soumise à des conditions très restrictives ». Et selon Me Julien Fouray, des actions en responsabilité civile devraient à l'avenir être introduits contre d'autres laboratoires ayant produit le test « Elisa », en particulier devant le TGI de Strasbourg.
Le dépistage décrié
Basés sur un prélèvement sanguin, les tests de type « Elisa » résultent d'un consensus de soins établi par les autorités sanitaires en 2006, sur la base de directives américaines valables pour des souches américaines transmises par les tiques. Décriés depuis longtemps, ces tests sont même désormais remis en cause par le gouvernement puisque ce dernier a reconnu dans son plan contre la maladie de Lyme la nécessité de développer de nouveaux tests de diagnostic.
Pour rappel, la transmission de la maladie de Lyme à l’homme se fait uniquement par piqûre de tique. Les contaminations humaines sont plus fréquentes à la période d’activité maximale des tiques, en France entre le début du printemps et la fin de l’automne. En 2014, le nombre de nouveaux cas en France a été estimé par le Réseau Sentinelles à 26 146 ; ce chiffre est stable depuis 2009, indiquait récemment le ministère de la Santé.
Retrouvez notre premier supplément
diffusé le 30 septembre 2016 sur le site Pourquoidocteur.
Il était consacré à la Maladie de Lyme
avec des interviews de spécialistes,
des témoignages de patients et des infos pratiques.
Retrouvez l'émission L'invité Santé
avec le Pr Christian Perronne (Hôpital de Garches)
diffusée 12/05/2016