Et si le jour de la greffe était un deuxième anniversaire ? Après une transplantation d’organes, bon nombre de patients affirment renaître. C’est particulièrement le cas après une greffe de moelle osseuse, qui permet de réinitialiser le système immunitaire. Chaque année, 6 000 personnes peuvent se targuer de cette seconde naissance. Les greffes de reins dominent nettement. Des progrès restent en revanche à accomplir pour le cœur, faute de donneurs. Ceux-ci sont chaque année un peu plus nombreux. Les dons du vivant, notamment, connaissent une forte progression. A l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, ce 17 octobre, Pourquoidocteur dresse le portrait robot des personnes vivantes ou décédées qui donnent des organes.
Des écarts régionaux
Ils sont en moyenne âgés de 57 ans lorsqu’ils sont prélevés. Par rapport à 2014, ils sont un peu plus jeunes. Mais 48 % d’entre eux ont 60 ans ou plus au moment de leur décès. Agés, certes, mais en bonne santé : en 2015, les personnes prélevées souffrent de moins de comorbidités. Un détail important car cela permet d’obtenir davantage d’organes viables.
A l’heure actuelle, 27 prélèvements sont réalisés par million d’habitants. Le nombre d'organes prélevés pourrait être meilleur.
En effet, 32,5 % des proches s’opposent toujours à un don d’organes après avoir été interrogés. Une légère baisse s’est amorcée en 2015, mais c’est encore trop. Dans certaines régions, le refus est encore plus marqué. C’est le cas de l’Île-de-France, la Picarde, la Haute-Normandie mais aussi de la Corse.
Source : Rapport d’activités de l’Agence de la biomédecine (2015)
La plupart des donneurs sont décédés de troubles cardiovasculaires. La mort encéphalique représente la principale activité de prélèvement. Les arrêts circulatoires, eux, ont abouti à un prélèvement chez 40 personnes. Cela a permis de greffer 62 reins et 2 foies.
Une pénurie persistante
Le nombre d’organes prélevés se stabilise en 2015. Chaque donneur offre un peu plus de 3 organes en moyenne. Cela correspond plus ou moins au nombre d’organes greffés, malgré des pertes encore fréquentes – souvent à cause de la mauvaise qualité du greffon ou de l’âge du donneur.
Pour le pancréas et le cœur, en revanche, les prélèvements ont progressé, respectivement de 7 % et 1 %. Une évolution importante car ces deux organes souffrent encore d’une pénurie. Mais le manque de greffons est encore plus marqué dans le cas du rein : l’Agence de la biomédecine dénombre cinq candidats à la greffe pour un organe éligible dans l’année.
Source : Rapport d’activités de l’Agence de la biomédecine (2015)
L’Agence de la biomédecine esquisse plusieurs pistes pour accroître le nombre de donneurs. Deux d’entre elles ont livré de bons résultats : le don du vivant, pour les reins et le foie. Dans ce dernier cas, les volontaires se font rares. Les personnes prêtes à offrir un rein, en revanche, sont de plus en plus nombreuses. Les prélèvements sont passés de 283 en 2010 à 547 pour l’année 2015. Une tendance clairement positive que l’Agence veut encourager. Elle a aussi lancé les dons croisés, avec succès.
La conservation des greffons doit aussi être améliorée, notamment en raison de l’âge des donneurs. Ils sont en effet plus fragiles. Réhabiliter les organes avant le prélèvement ou après, à l’aide de machines à perfuser, doit devenir plus systématique, selon l’Agence. Car les pertes sont coûteuses pour les personnes en liste d’attente. Plus de 20 000 patients sont en attente de greffe chaque année.