Les pyréthrinoïdes. Un nom bien compliqué pour des insecticides dont l’impact contre le paludisme a été majeur. Utilisés depuis les années 1970, ils ont réduit la mortalité liée à cette maladie parasitaire. Mais une menace émerge en ce début de 21e siècle. Les moustiques qui transmettent le parasite résistent de mieux en mieux aux pulvérisations. Une chercheuse spécialiste de ce domaine, Janet Hemingway, dresse le bilan dans Nature. Elle tire la sonnette d’alarme.
Moustiquaires et pulvérisations
Le paludisme a reculé de manière impressionnante depuis les années 1970. A l’époque, un enfant mourait de la maladie toutes les six secondes. Désormais, un décès survient chaque minute. Mais ces progrès pourraient être menacés. Janet Hemingway évoque « le développement rapide d’une résistance des moustiques aux insecticides ». Le premier cas a été découvert en 1993 en Côte d’Ivoire. Depuis, les anophèles se sont montrés de plus en plus coriaces : ce sont désormais 26 pays qui sont touchés sur le continent africain. Certains gènes ont été mis en cause par le CNRS. Ils favorisent la solidité des insectes.
La menace revêt plusieurs visages. Les pyréthrinoïdes représentent l’arme la plus avancée contre le paludisme. Ces insecticides éliminent efficacement les moustiques, sans affecter la santé des humains de manière majeure. Ils peuvent donc être vaporisés à l’intérieur des domiciles et recouvrir les moustiquaires utilisées la nuits. Combinées, ces deux stratégies sont responsables de 80 % de la réduction du nombre de cas. Leur disparition aurait donc des effets dramatiques.
600 000 morts par an
A l’heure actuelle, aucun substitut ne permet d’obtenir les mêmes effets. Certains produits sont très efficaces, les organochlorés par exemple. Mais ils sont aussi très coûteux. Sur un continent défavorisé comme l’Afrique, l’obstacle est majeur. Du côté des insecticides en développement, l’espoir est permis. Mais une dizaine d’années sera nécessaire avant de les voir apparaître sur le marché.
Pendant ce temps là, le paludisme continue de tuer environ 600 000 personnes chaque année. Et la résistance aux insecticides n’est pas le seul danger à prendre en compte. Celle aux traitements de la maladie, l’artémisinine en tête, menace 40 % de la population africaine. A une échelle plus large, ces produits chimiques pourraient aussi voir leur efficacité contre les Aedes se réduire. Cette transmet plusieurs virus largement répandus, comme le chikungunya, la dengue et, plus récemment, Zika.