Après plusieurs années de répression, la France a tranché : l’Etat ne veut plus de prostitution. Depuis le mois d’avril, les rapports sexuels tarifés sont totalement interdits. Tout client s’expose à 1 500 euros d’amende. A l’occasion de la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, Laurence Rossignol rappelle la nouvelle législation. Elle lance, ce 18 octobre, une campagne d’information à destination des clients. La controverse, elle, ne s’est pas apaisée.
Plus de pathologies
Il a fallu plus de deux ans de débat avant que la loi ne soit votée par le Parlement. Désormais, un client de prostituée s’expose à plusieurs milliers d’euros d’amende. Mais surtout, le délit est de classe 5. Il sera donc inscrit dans le casier judiciaire du prévenu. Une mesure censée décourager. Dans un communiqué, Laurence Rossignol se félicite d’ailleurs de son efficacité. Depuis le mois d’avril, 250 personnes ont été prises en flagrant délit. « Nous savons que bien plus nombreux sont ceux qui ont renoncé à acheter un acte sexuel », écrit-elle.
Mais comme l’expliquaient à l’époque les associations et les professionnels de santé, les prostituées sont les premières victimes de cette loi. Le STRASS augurait par exemple une « augmentation des agressions physiques, des viols, des risques d’infections sexuellement transmissibles, et conséquemment de détresse psychologique ». Médecins du Monde a également annoncé plus d’isolement des prostituées. « Pour conserver leur clientèle, elles devront d’autant plus se cacher », affirmait l’ONG. Pénaliser le client ne mène donc qu'à un éloignement supplémentaire vis-à-vis des associations et des soins.
Un investissement supplémentaire
Le discours de la ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes est tout autre. Elle salue une mesure qui veut mettre fin à la traite des êtres humains. La plupart des personnes en situation de prostitution sont des femmes, étrangères, qui subissent leur situation. « Renoncer à acheter un acte sexuel, c’est renoncer à nourrir les réseaux de traite », selon Laurence Rossignol. Sauf que rien ne prouve, à l’heure actuelle, que la loi ait permis de lutter contre le proxénétisme. Sans compter que la France a été récemment épinglée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme. L’organisme déplore le manque de fermeté de la part des autorités.
La ministre des Droits des femmes veut tout de même accompagner les prostituées. A compter du mois de janvier prochain, leur accompagnement et leur réinsertion seront mieux financés. Les associations recevront 60 % de subventions supplémentaires. Laurence Rossignol a d’ailleurs prévu de se rendre dans l’une d’entre elles ce 18 octobre : le Nid.