Très chers perturbateurs endocriniens… Aux Etats-Unis, des chercheurs viennent de chiffrer le coût de l’exposition à ces agents chimiques qui génèrent des dysfonctions hormonales, et que l’on trouve à peu près partout – dans les tickets de caisse (mais plus en France !), les cosmétiques, les jouets, les détergents, pesticides, bouteilles en plastique, canettes… Le montant de la facture donne le vertige.
Le coût sanitaire direct et indirect de l'exposition aux produits contenant des perturbateurs endocriniens pourrait s'élever à plus de 340 milliards de dollars par an, (310 milliards d'euros), soit 2,33 % du PIB américain, selon une évaluation publiée dans la revue The Lancet Diabetes and Endocrinology.
Cancers, obésité, autisme...
Les perturbateurs endocriniens jouent un rôle dans plus d'une quinzaine de maladies, incluant les cancers du sein et de la prostate, l'infertilité, les malformations congénitales, l'obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les dysfonctionnements neurocomportementaux ainsi que les problèmes d'apprentissage.
Ce calcul mathématique effectué par une équipe de chercheurs du centre médical Langone à New York dépasse largement les coûts estimés en Europe. Une précédente étude évaluait en effet ce coût à à 217 milliards de dollars (197 milliards d'euros), soit 1,28 % du PIB de l'Union européenne.
La différence s'explique, selon eux, par des réglementations différentes en ce qui concerne notamment les PBDE, des substances ignifuges également appelées « retardateurs de flammes » et utilisées notamment dans les meubles ou les emballages.
Beaucoup moins réglementés qu'en Europe, les PBDE seraient à l'origine des deux tiers des coûts sanitaires liés aux perturbateurs endocriniens aux Etats-Unis, soit environ 200 milliards de dollars. En Europe au contraire, les coûts associés aux PBDE seraient de l'ordre de 100 milliards de dollars par an, selon l'étude publiée en 2015.
11 millions de points de QI perdus
Selon les chercheurs, aux Eta-Unis, l'exposition aux PBDE a entraîné une perte de 11 millions de points de quotient intellectuel (QI), et généré 43 000 cas de retard intellectuel, alors que les pesticides ont abouti à la perte de 1,8 million de points de QI et à 7.500 cas de retard intellectuel.
Selon Teresa Attina, l'un des auteurs de l'étude, chaque point perdu de QI correspond à une réduction d'environ 2 % de la productivité, soit une perte de revenus de 20 000 dollars, « ce qui permet d'estimer le coût économique pour la société ».
Les chercheurs notent que leurs estimations sont probablement sous-évaluées et que même si des mesures sont prises rapidement, l'exposition aux PBDE ne devrait baisser que très progressivement, compte tenu de sa large utilisation dans le mobilier actuel.
245 000 cas de diabètes
En mesurant l'impact de l'ensemble des perturbateurs endocriniens, y compris des phtalates et du bisphénol A, les chercheurs sont également parvenus à 245 000 cas de diabète et 240 000 cas d'infertilité masculine, 10 000 décès prématurés dus à des maladies cardiovasculaires, 1500 cas d'autisme et 4400 cas de TDAH (trouble du déficit de l'attention) aux Etats-Unis.
En attendant que les réglementations évoluent, les auteurs préconise quelques mesures « simples » : ne plus réchauffer au micro-ondes de la nourriture placée dans des récipients en plastique ou recouverts d'une pellicule en plastique et laver ces récipients utilisés à la main plutôt qu'au lave-vaisselle.