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QUESTION D'ACTU

Institut de veille sanitaire

La pollution réduit notre espérance de vie

Aggravation de l’asthme, infections respiratoires mais aussi infarctus et attaque cérébrale, l’Institut de veille sanitaire plaide pour une réduction plus marquée de la pollution atmosphérique.

La pollution réduit notre espérance de vie SIERAKOWSKI/ISOPIX/SIPA




6 mois d’espérance de vie gagnée pour les plus de 30 ans et près de 1000 hospitalisations évitées chaque année. Les habitants des grandes villes de France auraient tout à gagner à ce que les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière de pollution atmosphérique soient effectivement respectées.
Les résultats de cette étude Aphekom menée dans 25 agglomérations européennes dont 9 françaises sont l’un des arguments avancés par l’Institut de veille sanitaire pour accentuer la réduction de la pollution de l’air. Il consacre un numéro thématique du bulletin épidémiologique hebdomadaire à ce « problème de santé publique persistant », comme le qualifie Michal Krzyzanowski, chercheur au Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS.

Les données scientifiques se sont en effet accumulées ces dernières années pour démontrer que la pollution atmosphérique représente un danger non négligeable pour la santé.

Les conséquences respiratoires
sont nombreuses : les crises sont plus fréquentes et plus sévères chez les asthmatiques exposés à un air pollué, le risque de maladies respiratoires, en particulier infectieuses est augmenté dès le plus jeune âge et la mortalité par cancer pulmonaire est également accrue. Mais les poumons ne sont pas les seuls organes à souffrir de la pollution.

Le cœur
est également mis à rude épreuve. Les polluants atmosphériques contribuent au développement des maladies cardiaques et certains d’entre eux comme l’oxyde d’azote et les microparticules sont même des éléments déclencheurs d’infarctus. 
Selon une compilation d’études publiée en février 2012 dans la revue médicale JAMA, entre 0,6 et 4,5% des infarctus sont directement attribuables à une exposition à ces polluants dans les 7 jours qui précèdent l’accident. « La pollution n’est donc pas un facteur de risque de la même ampleur que l’hypertension, le cholestérol, le diabète et l’obésité souligne le Pr Yves Cottin, cardiologue au CHU de Dijon. Mais on déconseille tout de même aux personnes ayant des antécédents cardiaques d’éviter les activités physiques intenses et de limiter leurs déplacements à l’extérieur les jours de pics de pollution comme pour les insuffisants respiratoires », 

Le cerveau, lui aussi, subit les effets de la pollution. Dans une étude publiée en février 2012, des chercheurs américains ont relevé que l’augmentation du risque d’attaque cérébrale suivait de 12 à 14 heures l’exposition à un pic de pollution aux fines particules atmosphériques. Ils estiment qu’en réduisant de 20% ce type de pollution atmosphérique, 6 000 attaques cérébrales auraient pu être évitées au cours de l’année 2007 aux Etats-Unis.
Plus inattendue, une seconde étude a mis en évidence une accélération du vieillissement cérébral avec diminution des capacités de mémoire et d’attention chez des personnes de 70 à 80 ans  très exposées aux microparticules.     

« L’accumulation de preuves sur les effets de cette pollution sur la santé invite à des approches politiques plus radicales et globales, non seulement pour maintenir les niveaux de pollution en dessous des normes légalement contraignantes mais aussi pour réduire davantage l’exposition de la population », préconisent donc les auteurs du Beh.
Le Centre international de recherche sur le cancer a pris sa part en modifiant la classification des gaz d’échappement des moteurs diesel de « cancérogènes probables » à « cancérogènes certains ». Les scientifiques en appellent désormais aux politiques de l’Union Européenne qui préparent pour 2013 une nouvelle version de la directive sur la qualité de l’air.  

 

 

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