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QUESTION D'ACTU

Plus de 900 agressions en 2015

Médecins : témoins et victimes de la violence

Les agressions ne reculent pas en France. En 2015, 924 attaques verbales ou physiques sur des médecins ont été rapportées. Les généralistes sont les principales victimes.

Médecins : témoins et victimes de la violence DURAND FLORENCE/SIPA




La médecine, une profession en danger ? La sécurité n’est en tout cas pas assurée pour de nombreux professionnels de santé. En 2015, 924 incidents  ont été répertoriés par l'Observatoire de la sécurité des médecins. L'Ordre des médecins, qui a publié ce 18 octobre ces résultats,  témoignent d’une stabilité depuis 2010. Dans certaines régions, dont l’Île-de-France, les violences reculent. Les zones urbaines restent largement plus touchées.

Les praticiens font les frais d’une attaque verbale ou physique, mais aussi de tentatives de vol. Les violences orales dominent nettement : elles représentent 69 % des déclarations. Une tendance positive émerge toutefois. Les armes sont de moins en moins utilisées.

Les généralistes au front

Depuis 2010, les déclarations se sont stabilisées dans une fourchette haute. Jacques Battistoni, secrétaire général du syndicat MG France, y voit le témoin d’une évolution générale. « La parole publique est désacralisée, tout comme les professionnels qui représentaient une certaine forme d’autorité, explique-t-il à Pourquoidocteur. Nous en sommes à la fois les témoins et les victimes. » Les causes des agressions confirment cette montée des tensions. Dans la majorité des cas, les agresseurs se plaignent de la prise en charge (33 %), des refus de prescription (16 %) et de temps d’attente excessifs (9 %).

Le médecin n’est donc plus la figure d’autorité qu’il représentait autrefois. En conséquence, ils ne jouissent plus de la protection dont ils bénéficiaient autrefois. « La violence qui augmente dans la société entre aussi dans les hôpitaux et les cabinets des soignants en ville », constate Christophe Prudhomme, urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Les patients, eux, font preuve d’une vindicte croissante.

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Christophe Prudhomme, urgentiste à Bobigny : « A l’hôpital, les conditions d’accueil sont dégradées. En ville, il est difficile de trouver un médecin dans un délai raisonnable. »


Les premières victimes de cette situation sont les généralistes. Ils constituent 65 % des agressions, loin devant les autres spécialités. Rien d’étonnant à cela : ils sont au premier plan des soins. « On est les médecins les plus en contact avec une population souvent défavorisée qui n’a pas recours aux spécialistes », explique Jacques Battistoni. Parmi les spécialistes, les agressés peuvent être surprenants. Ophtalmologues, médecins du travail et psychiatres sont les plus représentés.

Renforcer la sécurité

Sur le plan régional, le Nord et les Bouches-du-Rhône dominent nettement, devant l’Isère et la Seine-Maritime. En Île-de-France, en revanche, plusieurs départements connaissent un recul, même si les violences restent fréquentes.


Sans surprise, les centres ville et les banlieues sont les zones les plus concernées par les violences. Les consultations à l’hôpital sont également moins nombreuses dans les déclarations. Cette particularité pose problème. Difficile en effet de protéger un médecin libéral qui exerce seul dans son cabinet. Sans aller jusqu’à la pose de caméras, le Dr Battistoni suggère la mise en place de « dispositifs de sécurité et d’alerte qui peuvent contribuer à renforcer le sentiment de sécurité ».

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Jacques Battistoni, médecin généraliste à Ifs : « Il faut intensifier le mouvement de regroupement des professionnels qui le souhaitent. Il est plus facile de sécuriser un groupe. »


Côté hôpital, Christophe Prudhomme se montre sévère envers les dernières propositions de Marisol Touraine. La ministre de la Santé a débloqué 25 millions d’euros pour renforcer la sécurité dans les établissements de santé. Le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) réclame une disposition toute autre. Il souhaite renforcer la présence de personnels de sécurité parmi les effectifs de l’hôpital. « Il faut une formation spécifique et une continuité qui n’est pas permise par les appels d’offre successifs », dénonce-t-il.

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