Ils l’avaient dit. Ils l’ont fait. 130 patients atteints de la maladie de Lyme déposent plainte contre cinq laboratoires fabriquant les tests utilisés dans le diagnostic de la borréliose de Lyme. Les plaignants, représentés par Maîtres Julien Fouray et Catherine Faivre, estiment que ces tests ne sont pas fiables et ont donc concouru à leur prise en charge tardive. « Ce n’est pas un simple coup d’esbrouffe, comme certains ont pu le dire ! », a commenté Julien Fouray, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Paris, ce 18 octobre, et que relate Le Figaro.
L’affaire couvait en effet depuis le mois de mai dernier. Le quotidien L’Alsace avait alors révélé que sous l’impulsion de l’association Lyme sans frontière, 150 patients étaient prêts à déposer plainte contre des fabricants de tests diagnostiques. Ces patients présentent tous aujourd’hui des séquelles (surdité, perte de mobilité…) qu’ils estiment être dues à une maladie de Lyme mal soignée.
Il aura fallu quatre mois aux patients pour passer à l’acte, mais voilà les plaintes déposées ; ils assignent donc en responsabilité civile cinq laboratoires dont les tests seraient obsolètes. Quel que soit le fabricant, la technique utilisée est la même, il s’agit de l’ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay), une méthode immunologique qui permet de mettre en évidence la présence d’antigènes de la bactérie Borrelia. D’après les plaignants, les souches de bactéries recherchées ne sont pas les bonnes : les tests seraient basés sur les souches en circulation aux Etats-Unis. Les seuils de détection ne seraient également pas adaptés, et enfin, les tests ne ciblent que les Borrelia, alors que les tiques peuvent transmettre d’autres pathogènes qui pourraient contribuer au « syndrome post-Lyme ».
Parmi les cinq laboratoires* mis en cause, Biomérieux a déjà fait savoir qu’il estimait n’avoir commis aucune faute, rappelant que ses tests étaient conformes aux réglementations en vigueur. Argument insuffisant aux yeux de Maître Fouray, qui explique dans les colonnes du Figaro : « A partir du moment où il commercialise un produit, et même s’il n’a pas de contact direct avec les patients, un laboratoire doit s’assurer que l’information concernant son produit est correctement diffusée ». Les patients ont demandé, chacun, un demi-million d’euros pour réparation des préjudices subis.
L’étape suivante pourrait être une mise en cause des autorités sanitaires françaises. L’avocat des plaignants estime en effet que puisqu’il a validé et imposé ces tests, l’Etat pourrait être tenu responsable. Le plan national de lutte contre la maladie de Lyme, annoncé à la fin du mois de septembre dernier, n’est aux yeux de Lymaction pas suffisant.
* Biomérieux, Bio-Rad, DiaSorin, Euroimmun, Siemens