C’est une première victoire pour les pharmaciens. Les députés ont autorisé ce mardi soir, à titre expérimental, ces professionnels à participer aux campagnes vaccinales contre la grippe pour 3 ans. Seuls les adultes pourront se faire vacciner en officine. Les parlementaires espèrent ainsi améliorer la couverture vaccinale et soutiennent les revendications des pharmaciens.
Cette proposition adoptée en commission des Affaires sociales dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale est un amendement de la député socialiste Michèle Delaunay. Il devra à nouveau être présenté à l’Assemblée nationale la semaine prochaine. Si celui-ci est voté, un décret sera ensuite publié pour fixer les conditions d’application de l’expérimentation et les modalités de formation des pharmaciens.
Pour les députés, permettre aux pharmaciens de procéder à la vaccination est un moyen de redonner confiance aux Français. Le texte pointe en effet « l'insuffisance de la couverture vaccinale en France chez les adolescents et les adultes », en partie lié à une « défiance » envers ces produits, et qui conduit à « l'extension des maladies infectieuses ».
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à la vaccination
Une proposition qui divise
De fait, le vaccin contre la grippe est l’un des exemples illustrant le mieux cette réticence. Depuis l’épidémie de grippe H1N1 en 2009, la couverture vaccinale n’a cessé de décliner passant de 58 % en 2008-2009 à 48 % en 2015-2016. Chez les seniors de plus de 65 ans – le groupe d’âge le plus à risque – le recul de la vaccination atteint plus de 14 points depuis 2009. Or, « si la couverture vaccinale était de 75 % (objectif fixé par l'OMS) 3 000 décès seraient évités chez les personnes de 65 ans et plus », souligne Michèle Delaunay.
Sensibiliser et inciter les personnes à risques à se faire vacciner (seniors, femmes enceintes, malades chroniques) est donc un enjeu majeur pour les autorités sanitaires du pays. Les pharmaciens contribuent déjà à cette promotion, mais ils veulent aujourd’hui joué un rôle plus important. Une idée qui déplait aux médecins généralistes, alors même que 60 % des Français se disent favorables. Pour rassurer les praticiens, l’amendement assure que la vaccination par les pharmaciens se fera « en complément des autres professionnels de santé habilités, et non à leur détriment ».