La technologie pourra-t-elle un jour remplacer le médecin ? Cette crainte suscitée par les progrès considérables de l’informatique au cours de ces 2 dernières décennies est partagée par de nombreux professionnels de santé. Mais qu’ils se rassurent, la suprématie de l’homme en médecine n’est pas encore remise en cause, selon une étude publiée cette semaine dans le JAMA Internal Medicine.
Des chercheurs de l’école de médecine d’Harvard ont en effet montré que la performance des médecins en matière de diagnostic était largement supérieure à celle des logiciels, et autres algorithmes ultra-sophistiqués. Les cliniciens réussissaient à donner des réponses correctes deux fois plus souvent que les applications de diagnostic médical disponibles sur smartphone.
Pour aboutir à cette conclusion, 234 spécialistes de médecine interne ont défié 23 logiciels sélectionnés par les chercheurs. Les praticiens ont été invités à évaluer 45 cas cliniques pour lesquels ils devaient déterminer le diagnostic le plus probable et en proposer deux supplémentaires. Résultat : 3 fois sur 4 le diagnostic initial donné par les médecins était le bon contre à peine 1 fois sur 3 pour l’ordinateur, et 84 % du temps le bon diagnostic faisait partie des 3 réponses à fournir, contre 51 % pour les applications.
Des logiciels d'aide au diagnostic
Le taux d’échec important des logiciels est lié à leur incapacité à reconnaître la maladie ou à le faire dans le temps imparti. Les auteurs ajoutent que les différences entre les médecins et la technologie étaient encore plus importantes pour les cas graves et les pathologies peu connues.
« Etant donné que les programmes informatiques sont clairement inférieurs aux médecins, il sera essentiel d’étudier les futures générations de logiciels qui pourraient devenir de plus en plus précis », indique le Pr Ateev Mehrotra, spécialiste en santé publique.
Les chercheurs soulignent toutefois que les médecins se trompaient dans 15 % des cas. Ils suggèrent ainsi que des outils informatiques d’aide à la décision soient développés afin de réduire ces erreurs diagnostiques. « Le diagnostic classique relève plus de l’art que de la science, commente le responsable des travaux. La technologie a donc un futur remplie de promesses dans ce domaine ».