« Aujourd'hui un patient algique à 8/10 a dû souffrir 1h15 avant que je puisse lui injecter un antalgique. Seule pour 21 patients. Aujourd'hui moi, soignante, je prélève (bilans sang) les patients à 4 h du matin car ma collègue de jour est seule pour 30 patients".
Les messages commencent toujours de la même façon et le malaise est à chaque fois perceptible. Des infirmiers et aides-soignants du collectif "Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes" (NBNNNP) déposent tous les jours sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter des messages alarmants pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail au sein de la profession. Qu'elles exercent en libéral, à l'hôpital ou en clinique, la pénibilité et la dégradation constante des conditions d'exercice reviennent en permanence sur les tweets.
Et leur mot d'ordre, lui aussi, est commun : "infirmier(e)s mais également aides-soignant(e)s, mobilisons-nous pour améliorer nos conditions de travail". Créé il y a deux mois et demi, le groupe compte près de 29000 membres sur facebook et près de 700 abonnés sur Twitter. Autre initiative, une pétition publiée depuis le 10 décembre dernier circule sur le web. A ce jour, 5678 personnes l'ont déjà signé. L'objectif revendiqué par le groupe est de 7500 signatures.
Les soignants appellent les patients à les rejoinde pour les soutenir afin de défendre la qualité des soins, et forcer le gouvernement à une réforme. « La santé, indique le communiqué, est le bien de tous, la santé n’est pas négociable, une société démocratique doit veiller à sa sécurité sanitaire".
Les indignés exigent la mise en place de postes supplémentaires adaptés à la réalité du terrain, des revalorisations salariales et des honoraires, une mise à plat de la nomenclature des actes infirmiers, la reconnaissance de leurs années d'étude dans chaque spécialité, un vrai statut pour l'aide-soignant. Et elles souhaitent rencontrer la ministre de la Santé pour exposer leurs revendications.
Après des rassemblements hier dans 13 grandes villes dont Paris, Marseille, Rennes ou Toulouse, d'autres manifestations sont à l'étude. De plus, une enquête est actuellement menée via facebook pour rescencer les suicides des soignants depuis cinq ans (2008). Résultat attendu le 31 janvier.