Dans le cadre de l’examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2017, les députés de la commission des affaires sociales ont décidé d’autoriser à titre expérimental les pharmaciens à faire des vaccinations contre la grippe. Cela dans le but d’améliorer la couverture vaccinale du pays souvent jugée anormalement basse comparée à d'autres pays.
Mais la solution choisie par les élus de l'Assemblée nationale fait de nombreux mécontents. En premier lieu les médecins. « Est-ce que la solution réside dans la multiplication des lieux de vaccination ? Certainement pas ! Rappelons que les infirmières procèdent déjà à des vaccinations et que cela n’a pas fait augmenter le taux de couverture vaccinale », rappelle dans un communiqué la CSMF (1), premier syndicat de médecins libéraux.
Le manque de formation pointé du doigt
Pour l'organisation, « c’est en développant la prévention et les missions de santé publique du médecin traitant (...) qu’on parviendra à améliorer la couverture vaccinale. Il faut recentrer la vaccination sur le médecin traitant via des consultations dédiées à la prévention à des âges ciblés », propose la CSMF.
La tonalité est la même du côté du 1er syndicat de généralistes, MG France. Dans un communiqué, il écrit : « L’expérimentation envisagée suppose la formation initiale des pharmaciens, la maîtrise des antécédents, notamment vaccinaux du patient, la transmission au médecin traitant d’informations sur la date, le lot et le type de vaccin utilisé, la surveillance et la prise en charge des éventuels effets post-vaccinaux ». « Un décret devrait fixer les conditions de cette expérimentation », exige-t-il.
Les infirmiers solidaires...
Enfin, les infirmiers y sont allés aussi de leur petite sortie. « L’amendement voté par la commission des Affaires sociales marque un début de démantèlement des compétences propres aux infirmiers », a regretté auprès de l'Agence France Presse (AFP) Daniel Guillerm, vice-président délégué de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). « Pourquoi pas demain les pansements ? », s'interroge-t-il, évoquant un « fort lobbying » des pharmaciens.
...des médecins
« Pourquoi donner cette compétence à des gens qui ne sont pas habilités avant d'utiliser les 100 000 infirmières libérales qui sont sur le terrain? », interpelle de son côté Annick Touba, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL). « La piqûre de vaccination, qui franchit la barrière cutanée, est un geste invasif et, à ce titre, très réglementée », conclut-elle dans des propos rapportés par l'AFP. Fin du suspense la semaine prochaine quand l'ensemble des députés votera (ou pas) l'amendement dans le cadre de l'examen du budget de la Sécurité sociale.
(1) La Confédération des Syndicats Médicaux Français