L’excès de poids concerne plus de la moitié de la population française, révèlent les premiers résultats de la cohorte Constances présentés dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de ce mardi.
Cette vaste étude épidémiologique lancée en 2012 et dirigée par l’Inserm et l’Assurance maladie rassemble les données de santé de plus de 110 000 Français de 18 à 69 ans tirés au sort.
A terme, les chercheurs espèrent suivre plus de 200 000 hommes et femmes vivant dans 17 départements. Tous les 5 ans, les volontaires passeront un examen de santé et devront répondre à un questionnaire.
« Les données de la cohorte permettent d'analyser l'état de santé de la population et de mieux comprendre ce qui se passe tout au long de la vie, explique Marie Zins, coordinatrice pour l'Inserm de la cohorte Constances. Après plusieurs années de recrutement, nous avons pu analyser les données et fournir des premières estimations, en particulier sur la prévalence du surpoids et de l'obésité. »
Pour ces analyses, les chercheurs se sont intéressés à plus de 28 800 volontaires de 30 à 69 ans. Ils ont pris en compte leur taille, poids, tour de taille, glycémie, taux de triglycérides et de cholestérol dans le sang, ainsi que leur pression artérielle.
Le Nord, département le plus touché
Selon les résultats, la prévalence du surpoids varie de 41 % pour les hommes à 25 % pour les femmes. Du côté de l’obésité, définie par un indice de masse corporelle supérieur à 30, les hommes et les femmes sont presque à égalité (15,8 % des hommes et 15,6 % des femmes). Un trouble qui augmente avec l’âge passant d’environ 11 % durant la trentaine à près de 19 % après 60 ans.
Et comme de nombreux travaux l’ont montré jusqu’ici, l’excès de poids est influencé par le niveau socio-économique et le lieu d’habitation. Avec 25,6 % de personnes obèses, le Nord est le département le plus touché. Viennent ensuite la Meurthe et Moselle (22,9 %). A l’inverse, Paris est le département le moins affecté avec moins de 11 % d’obésité.
Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2016, Santé Publique France
La moitié des femmes obèses en bonne santé
En outre, les chercheurs ont évalué la prévalence de l’obésité abdominale (tour de taille supérieur à 94 cm pour un homme et 80 cm pour une femme). Cet embonpoint localisé est un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 et de mortalité. Et elle s’avère bien plus dangereuse que l’obésité. Dans leur échantillon, 41,8 % des hommes et 48,5 % des femmes sont concernés.
Si cette étude confirme que la prévalence des troubles cardio-métaboliques augmente avec l’IMC, elle montre également que de nombreuses personnes obèses sont en bonne santé. En effet, « plus de la moitié des femmes obèses ne présentent pas les facteurs de risque cardio-métaboliques fréquemment retrouvés chez les personnes obèses », écrivent les auteurs. En revanche, les hommes obèses souffrant de troubles métaboliques comme l’hypertension artérielle sont plus nombreux que ceux en bonne santé.