Le dépistage organisé a-t-il du plomb dans l’aile ? La question se pose au vu des récentes remises en cause du programme dans le cancer du sein. La formule actuelle ne convient pas aux besoins des Françaises. Mais ces interrogations sont loin d’être universelles. L’Institut national du cancer (INCa) évalue en ce moment l’intérêt d’un programme similaire… dans le cancer du col de l’utérus. L’agence sanitaire a publié ce 25 octobre le deuxième volet de son étude. Elle prône un système d’invitations avec prise en charge intégrale par l’Assurance maladie. Le dispositif évoluera ensuite progressivement.
De mauvais chiffres
Le dépistage du cancer du col de l’utérus est à la traîne en France. Entre 25 et 65 ans, l’ensemble des femmes est appelé à réaliser un frottis tous les trois ans. Message entendu pour 53 % d’entre elles. Largement insuffisant, puisque le Plan Cancer 2014-2019 fixe un objectif de 80 %. L’atteindre réduirait drastiquement l’incidence et la mortalité de ce cancer. L’INCa estime que le nombre de diagnostics pourrait être réduit de 90 %. Mais à l’heure actuelle, la survie à 5 ans est en recul.
Certaines populations sont encore moins bien couvertes. Les femmes en situation de vulnérabilité socio-économique, à faible niveau d’études ou encore célibataires ne réalisent pas le dépistage sur une base régulière. Vivre dans un quartier défavorisé ou être de nationalité étrangère sont également des facteurs aggravants. Mais à l’inverse, les patientes qui réalisent le dépistage ont tendance à le pratiquer trop souvent – une fois par an en moyenne.
Un frottis sur invitation
L’INCa veut donc tester une nouvelle approche : le dépistage organisé. Une manière de réduire les inégalités tout en accroissant la participation dans les critères fixés. C’est en tout cas le but avoué de cette évaluation « médico-économique ». A terme, il faudra réduire de 30 % l’incidence et la mortalité par cancer du col de l’utérus en France. Pour y parvenir, l’agence sanitaire préconise un dépistage organisé par invitation, sur le modèle en vigueur dans le cancer du sein. En cas de non-adhésion, une relance sera envoyée par le même canal.
Une stratégie simple mais efficace, comme l’a montré une expérimentation menée dans 13 départements, dont l’Isère. Le programme a attiré 25 % de la population cible dans les cabinets médicaux. Après relance, 8 % de participantes supplémentaires ont été enregistrées. Ajoutés aux dépistages individuels, ces résultats sont plutôt positifs. Ce modèle est donc viable et économiquement rentable, aux yeux de l’INCa. L’agence recommande l’envoi d’invitations et de courriers de relance aux femmes qui n’ont pas pris l’initiative du frottis. Cela devrait permettre de s’approcher de la barre des 75 %.
Progressivement, le dépistage par test des papillomavirus pourra être introduit. Une stratégie d’autant plus intéressante qu’elle permettrait d’espacer les examens de deux ans supplémentaires. Ce système ouvre aussi la voie à des kits d’auto-prélèvement, envoyés dans le cadre des relances.