L’arme de dissuasion a parfaitement fonctionné. Au printemps dernier, l’assurance maladie signe avec les pharmaciens un accord tiers-payant contre génériques. Celui-ci prévoit que les patients qui refusent le générique lorsque le médicament prescrit est substituable doivent faire l’avance des frais.
L’argument financier a fait mouche. Au 26 décembre 2012, indique Vincent Collen dans les Echos, les 22 000 pharmacies avaient distribué des génériques à la place des médicaments de marque dans 83,9% des cas. L’objectif fixé par les pouvoirs publics était de 85%.
Une progression spectaculaire, notent vos journaux, puisque le taux de substitution était de 71% avant la signature de l’accord. Et les syndicats de pharmaciens observent que les départements qui traînaient les pieds ont rejoint le peloton de tête. Paris, les Hauts-de-Seine, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes ont progressé de 20 points. Au passage, la sécu a économisé 200 millions d’euros.
Reste à savoir si cette embellie sera durable. En 2008, le taux de substitution avait dépassé 80% pour chuter de 10 points par la suite. Car, selon les représentants de la profession, il «règne un climat délétère » sur les génériques. L’Inspection générale des affaires sociales, rappelle le quotidien économique, observait dans un rapport que « des leaders d’opinion » mettaient « en cause régulièrement l’efficacité et la qualité des médicaments génériques » et installaient « durablement dans l’opinion un climat de suspicion ».
En frappant directement au portefeuille des usagers avec cette menace de pénalité, l’assurance maladie sait pertinemment que la crise économique joue en sa faveur.